lundi 24 décembre 2012

PÈRE NOËL ET LE RAMONEUR


Cette année-là, décembre était doux, très doux même. Paul, le ramoneur, s'affairait encore dans toute la région. Il avait pris du retard suite à une mauvaise grippe contractée à la fin de l'été et mettait les bouchées doubles pour en avoir fini avant les rigueurs de l'hiver.

Le vingt-quatre décembre, il se trouvait sur le toit d'une maison, penché au-dessus d'une cheminée et armé d'une longue brosse, lorsque père Noël apparut. La cheminée ne pouvait être accessible en même temps aux deux hommes. Compte tenu de la date, père Noël estimait avoir la priorité sur l'artisan mais il fut pris de pitié en voyant Paul, le dos voûté, le visage noir, les habits tachés et le souffle court.

"Alors, mon pauvre gars, qu'est-ce qui se passe ? Tu travailles une veille de Noël, c'est la première fois que je rencontre quelqu'un d'aussi vaillant que toi."

En quelques mots, Paul justifia sa présence : il parla de sa mauvaise grippe, du retard pris, des clients habituels à ne pas décevoir.

Soudain, une lueur apparut dans les yeux de père Noël. "Je vais faire quelque chose pour toi mais il faudra attendre la fin de ma tournée", dit-il le sourire aux lèvres.

La brosse fut remontée et père Noël descendit déposer ses cadeaux avant de s'en aller vers d'autres cheminées…

Comme convenu, Paul attendit le retour de père Noël dans le petit bistrot situé à quelques pas de la maison où ils s'étaient rencontrés.

Des heures plus tard, au petit jour, père Noël arriva chargé d'un gros cadeau. C'était un aspirateur à suie que Paul pouvait actionner en appuyant sur une pédale, l'ancêtre de celui que tous les ramoneurs utilisent de nos jours. Père Noël l'avait conçu et avait demandé à son armée de lutins de le fabriquer au plus vite.

Paul fut le premier à tester ce type d'appareil qui l'aida à finir sa besogne, rapidement et sans gros effort, avant la neige de janvier. Lorsqu'on le vit utiliser la drôle de machine, on interrogea Paul. Il répondit que c'était un ami disparu qui l'avait inventée.

La suite chacun la connaît : des bricoleurs de génie ont pris le relais et ont progressivement amélioré l'appareil.


mardi 13 novembre 2012

Les petits carnets


Tous le mercredis vers onze heures, elle venait à la librairie. Elle jetait toujours un coup d'œil aux petits carnets avant d'acheter le magazine féminin auquel elle était fidèle. Parfois, elle faisait un commentaire au sujet du sommaire comme si elle avait voulu me convaincre de lire l'un ou l'autre article. Avant de sortir du magasin, elle allait voir les stylos. Il lui arriva d'en choisir un, le plus cher, de revenir au comptoir pour le payer et de demander un emballage cadeau : "C'est pour moi mais j'aime m'offrir de jolies choses", commenta-t-elle. Une autre fois, en plus du magazine, elle acheta une boîte en bois vernis. Sans qu'elle n'ait rien dit de particulier, je fis un emballage cadeau. Elle était jeune, rousse et belle mais son regard d'un vert délavé me semblait si mélancolique.

Ma fille, qui l'avait juste croisée à maintes reprises, la trouva chaque fois occupée à caresser des carnets ou des stylos. Elle me dit qu’elle la trouvait fort bizarre. Elle l'avait vue choisir des fruits et des légumes à la supérette après les avoir secoués comme des maracas. Elle l'avait entendue parler aux pigeons de la place. "T'as remarqué, elle touche à tout dans la boutique. Heureusement que c'est une cliente régulière sans quoi j'interviendrais et perdrais mon amabilité !", avait-elle conclu.

Ce mercredi-là, la jeune femme chercha vainement son porte-monnaie. Après avoir fouillé dans son sac et ses poches, elle me dit tout embarrassée : "Je n'ai pas un sou sur moi. Il n'y a que le mercredi que je peux faire mes courses. Vous voulez bien garder la revue jusqu'à la semaine prochaine ?" Je répondis en souriant : "Emportez-la. La maison vous fera crédit jusque là." Elle répondit : "Et si j'avais un empêchement ?" "Alors ce sera pour le mercredi suivant. Je vous connais, n'est-ce pas ?" "Mon nom est Natacha Meyer", répondit-elle.

Le temps passa. La jeune femme s'acquitta de son dû.

Un peu avant la rentrée scolaire, ma fille décida de démarquer des carnets et de mettre en valeur la nouvelle collection sur l'étagère située à quelques pas du comptoir.

Natacha prit tout le stock de carnets démodés ou défraîchis ainsi que les plus précieux parmi les nouveaux. Jamais encore, un client n'avait fait autant d'achats à la fois.

Un mercredi, elle m'entendit parler avec un client de la mort de mon vieux chat. J'avais les larmes aux yeux, le geste hésitant. Lorsque vint son tour, elle sortit de son sac un carnet à la couverture bleue, elle me le tendit : "C'est un carnet de deuil " me dit-elle. "Notez-y tout ce qui concerne votre chat. Écrire, cela peut faire du bien."

Un peu avant Noël, Natacha fut renversée sur le passage pour piétons devant la librairie. L'automobiliste avait été ébloui par le soleil. Il avait freiné trop tard. Les crissements de pneus et les cris de passants m'attirèrent hors du magasin. Je vis alors que quantité de petits carnets s'étaient échappés du grand sac de Natacha. Je lus quelques titres calligraphiés à l'encre noire : "Carnet de bonnes idées", "Carnet de citations", Carnet de chagrins", "Carnet de sourires".

Natacha survécut à l'accident mais mit de nombreux mois à se rétablir. J'allai la visiter à l'hôpital puis chez elle, dans son studio. Jusqu'à ce qu'elle put revenir au magasin, je lui portai régulièrement son magasine favori.

mercredi 3 octobre 2012

Florennes a reçu des conteurs



Et voici le fameux article de l'Avenir, où l'on parle de notre prestation à la bibliothèque de Florennes suite au "Lâcher de conteurs" de Namur.

Une belle après-midi avec des enfants attentifs et quelques adultes souriants.

Nous avons même eu droit à des crêpes pour terminer !

jeudi 5 juillet 2012

Chose promise, chose due !


Comme promis à une sympathique vacancière suisse rencontrée dans le Limousin, voici le texte d'un de mes poèmes mis en musique par Monsieur Léon Tache, habitant de Broc (Canton de Fribourg) et professeur de musique à la retraite.

Encore un grand merci à Monsieur Tache qui avait découvert le poème sur Internet et que j'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois déjà.


JOIE D'ÉTÉ

Pour fêter les jours tendres comme des cerises,
Les chemins ondulants du vent,
Les nuages en marche sur l'azur,
Mon cœur chante,
Mon cœur danse.

Pour célébrer le soleil qui lentement se dérobe,
Les étoiles semblables à des diamants,
La lune, parure de la nuit chaude,
Mon cœur chante,
Mon cœur danse.

Pour ranimer la fleur endormie à l'ombre du buisson,
La coccinelle assoupie sur le pétale,
Les algues posées sur l'étang,
Mon cœur chante,
Mon cœur danse.

Pour arrêter un moment le cours des minutes,
Pour frôler le vol de l'éternité,
Pour voyager en demeurant ici,
Mon cœur chante,
Mon cœur danse.

Pour qu'au milieu de l'hiver,
Tremble aussi le parfum des lys,
Et vole encore le papillon,
Mon cœur chante,
Mon cœur danse.

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vendredi 1 juin 2012

Ovide Dieu


Poète belge né à La Bouverie en 1883 et y décédé en 1950, Ovide Dieu est aussi le nom de la Bibliothèque de Frameries qui avait organisé un concours de poésie.

C'est avec plaisir que j'ai obtenu le troisième prix avec ce poème :


MÉMOIRE D'ENFANCE

Dans un coin rose de ma mémoire,
Il pleut des bulles de savon,
Tandis que des enfants aux voix d'ange
Chantent des comptines oubliées.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Le renard est passé laissant tomber
Un chiffon, un pétale, un billet doux
Sur une pelouse ou sur un plancher.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Je flâne sur un sentier de randonnée,
Je cueille des coquelicots et des bleuets,
J'apprivoise une coccinelle.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Ne suis-je pas la princesse égarée,
Le petit rat aux chaussons de satin,
La fée qui sauve des ogres et du diable ?

Dans un coin rose de ma mémoire
Une grenouille qui coasse pour les étoiles,
Un lapin qui sort d'un chapeau boule,
Une souris qui se moque des chats.

Dans un coin rose de ma mémoire,
J'entends la mélopée des marées
Et je sens les effluves des vagues
Parvenues jusqu'à mes châteaux de sable.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Je troque des fleurs en papier
Contre quelques coquillages cassés
Et un premier baiser volé.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Jeux de marelle et de croquet,
Poupées de chiffon et soldats de plomb,
Pigeon vole et chat se perche.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Tant d'oiseaux gazouillent pour leurs petits,
Tant de flammes tremblent dans la cheminée,
Tant d'arbres s'éclairent sous la lune.

Dans un coin rose de ma mémoire,
La chaude odeur de beignets,
Mes doigts engourdis sous la neige,
Du sucre blanc sur mon manteau rouge.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Des pas de danse et des parfums rares,
Des meringues pastel et des projets fous,
Fleurent bon l'infini du bonheur.

samedi 31 mars 2012

Poesia dell'arte


Un concours de poésie, deux cents participants... Quand on vous dit que ça bouge à Charleroi, c'est bien vrai !

En attendant, j'ai reçu le second prix pour ce poème :

L'AMOUR, AUJOURD'HUI COMME HIER

Je m'endors entre tes bras,
Et la chambre est ouverte sur les mots d'amour de deux adolescents.
Dans les rues de la ville, ils sont devenus nos doubles.
Venus au monde d'un regard,
Je les imagine assis sur un banc,
Ou accoudés à la rambarde du pont de Sambre.
Ils ne convoitent rien,
Ne quémandent rien.
Abreuvés de tendresse,
Il leur suffit d'être ensemble
Pour que le bonheur tel un soleil
Habite leur cœur.

Je m'endors entre tes bras.
Le temps est doux comme nos draps,
Les parfums de nos corps sont anciens
Et secrètent des souvenirs de jeunesse.
Des brumes du passé enveloppent notre repos.
Sublime complicité du crépuscule.
Nos silences sont ouverts sur leurs voix.
Dans le soir des villes, ils osent chuchoter
Des paroles d'amour et peinent à se détacher l'un de l'autre.
Je les rêve, liés par des battements de cils et des soupirs,
Ils sont penchés et se tiennent les mains,
Ils sont ce que nous fûmes.

Tu bouges un peu.
Il bruine sur la ville.
Ils sont jeunes et se sont reconnus
Dans un éclat de rire, dans un hochement de tête.
Quand on aime, il ne faut oublier
Ni la grâce de la maladresse
Ni celle des phrases bafouillées.
Ils se découvrent, se racontent,
Leurs mots d'aujourd'hui ressemblent à ceux d'hier.
Ils se jouent des nuages, de la pluie, des passants.
Elle donne tout dans un baiser
Et lui dans une étreinte qui n'en finit pas.

mercredi 28 mars 2012

Des bleus au cœur




Le voici donc le petit dernier...

"Des bleus au cœur", un recueil de 25 nouvelles sorti le 24 mars pour le Salon du livre de Bondues.

Lisons la couverture arrière :
Des histoires tantôt sentimentales, tantôt amères, teintées de mélancolie et de nostalgie. Ces histoires parlent de solitude, de rivalité fraternelle, d'amour mais aussi de musiques, de souvenirs d'enfance, de rumeurs. Il suffi souvent de si petits riens pour que le cœur s'emballe.

Retrouvez-y les délices des cachets acidulés et les charmes de chansons de votre enfance. Regardez une statue à Gembloux, peut-être y verrez-vous un pigeon posé sur la tête de Sigebert...
Visitez la région de Lille avec deux sœurs bien différentes.

Un extrait pour vous mettre en appétit :
... La cloche a retenti sans que j'aie pu dire autre chose que : "Comme c'est bon !"
Le bonheur de la découverte m'avait laissée muette...
L'après-midi vint. une magie comparable à celle du matin se reproduisit. J'aurais voulu que cela recommence à chaque récréation...



jeudi 8 mars 2012

Printemps des Poètes



Un de mes poèmes est paru dans la revue éditée par 2000 REGARDS à Nevers (France). Je suis heureuse de vous l'offrir.

Mémoire d'enfance

Dans un coin rose de ma mémoire,
Des fillettes vont de la terre au ciel
En sautant à cloche-pied
Sur un jeu de marelle.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Un gamin se cache derrière une haie
Tandis que des amis le cherchent
De la roseraie au poulailler.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Le prince charmant et la bergère,
Enfermés dans le livre de contes,
Esquissent un pas de danse.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Les enfants volent comme les oiseaux,
Traversent les jours en chantant,
Découvrent les chemins du rêve.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Une main lance un avion de papier,
Un cerf volant me fixe de son œil jaune,
Un train passe en sifflant.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Chaque gage reçu est promesse de rires,
Chaque partie perdue est chance de revanche,
Chaque partie gagnée est signe de malice.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Petit Poucet jongle avec des cailloux,
Cendrillon aide Blanche Neige,
Chaperon Rouge voyage sans bagage.

Dans un coin rose de ma mémoire,
Les nounours et les doudous
Parlent le langage des hommes
Et consolent des chagrins d'un soir.


jeudi 19 janvier 2012

Parabole et Ecriture...



Dimanche dernier, j'ai eu l'occasion d'animer un atelier d'écriture destiné à des enfants de plus de dix ans et à des adultes. Cela se passait dans le cadre de rencontres paroissiales ayant pour thème "Mettre ma vie en parabole".

Après un préambule destiné à créer un climat de confiance et la présentation de deux listes de mots, l'une basée sur des termes ayant un rapport avec l'idée de 'trésor', l'autre basée sur des termes proches de 'trésor' par la sonorité, j'ai proposé la phrase de début ("Le royaume des cieux est comparable…") et chacun s'est mis à écrire.

Lors de la lecture qui a suivi, nous avons eu l'occasion d'entendre de superbes textes !

Magie des images et des métaphores ! Comment ne pas établir un parallèle avec l'univers du conte quand il est question de cartes de pirates, de bijoux précieux, de coffre rempli de pièces d'or, de fleurs…

Chacun était satisfait et mon petit doigt me dit que les participants, mis en appétit, continueront à développer leurs talents d'écriture.

Après avoir, comme les autres, écrit et lu son texte, le journaliste présent a rédigé cet article :
http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20120119_00107249