dimanche 27 novembre 2011

Les soupirs portent plus loin que les cris...






Tel était le thème du concours de poésie par SMS organisé par la Maison de la Poésie à Namur.

On pouvait envoyer trois poèmes de 160 caractères (maximum) et j'ai tenté ma chance avec :



Tends l'oreille.
Dans la mélopée du vent,
Se retrouve l'écho
De tous les soupirs
Et de ton chagrin.



Sifflement de merle
Devant la tombe, une femme
~ Les yeux pleins de larmes



Sur la bouteille thermos,
des larmes de café.
Dans la nuit,
les soupirs sont les mots du cœur
comme à la lumière du jour,
les cris étaient ceux du corps.



J'ai eu la chance d'être appréciée par le jury et mes trois poèmes sont repris dans le petit recueil édité pour l'occasion.

Très heureuse d'autant plus que 542 poèmes participaient à ce concours !

dimanche 9 octobre 2011

Pour les jeunes !


La Maison Culturelle de la ville d'Ath a sélectionné deux débuts de texte que j'avais écrits spécialement à l'intention des jeunes participants au fameux concours de nouvelles qu'elle organise.
Une belle manière de faire apprécier mon écriture par un public scolaire qui n'a pas souvent l'occasion de me lire.

Je surveille de très près pour savoir ce que ces chères têtes blondes vont imaginer à ma suite.

Vous aussi, vous voulez savoir ?

Venez me retrouver (avec d'autres auteurs de Chloé des Lys) : http://web.me.com/maison.culturelle/Ath_2030/Derri%C3%A8re_la_porte.html


Mais également :
http://web.me.com/maison.culturelle/Ath_2030/Une_%C3%A9trange_bestiole.html

Et si le coeur vous en dit et que, comme moi, vous êtes encore jeunes... Allez-y, je serai heureuse de vous lire.

jeudi 1 septembre 2011

BONNE RENTRÉE, CHLOÉ !



Chloé, bientôt six ans, craignait plus que tout de quitter la petite école maternelle de son quartier pour fréquenter la grande école du centre ville. Dès que le quinze août fut passé, que la nouvelle collection de cartables, plumiers, cahiers, stylos, crayons, gommes s'imposa dans les vitrines et les rayons des magasins, Chloé se mit à aborder le sujet de plus en plus fréquemment en faisant les courses avec Caroline, sa mère, ou durant les repas.

Sa mère, se demandait comment elle pourrait lui rendre la rentrée la moins stressante possible. Elle avait donc pris contact avec la directrice pour faire visiter l'établissement à Chloé et la familiariser à son futur cadre de vie. Elle avait mis sa fille en relation avec Jeanne, une enfant qui avait déjà passé un an dans l'école. Mais rien n'y faisait. Emma manifestait toujours des appréhensions : "J'ai pas envie", "Je vais me perdre", "J'aurai pas de copine", "Madame sera méchante",…

Caroline, réfléchit, réfléchit encore. Elle se souvint des différentes étapes difficiles franchies par sa fille. À chaque étape, il y avait eu un objet… Pour passer de la crèche à l'école maternelle, il y avait eu un nounours. Pour participer au stage de danse, il y avait eu un collier. En juin, pour le goûter de famille chez tante Marie, une vieille dame qui a une voix grave et qui sent la naphtaline, il y avait eu les pantoufles !

C'est ainsi que le premier septembre, Chloé mit ses belles pantoufles décorées d'une tête de Mickey pour franchir la première fois la porte de la grande école. Une fillette demanda bien pourquoi Chloé était chaussée de la sorte mais l'institutrice, Madame Virginie, répondit que c'était un secret entre elle et Chloé et personne n'osa poser une autre question !

Pour Chloé, tout se déroula merveilleusement ! Dès le deux septembre, elle accepta de porter des ballerines pour aller en classe.

mardi 26 juillet 2011

Une nouvelle primée à Avioth (France)

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Méprise à Avioth

Il y a beaucoup de monde sur la place d'Avioth. Des vieux, des jeunes et beaucoup d'enfants. Il y a les artisans et il y a des centaines de visiteurs.

Il y a surtout ce garçon à côté de moi, face au sculpteur sur bois. Je ne vois que lui. Il ressemble à Jérôme Mandernieux, un garçon dont je m'étais amourachée à l'adolescence, un garçon que j'avais rencontré durant des vacances à Vittel, voici près de quinze ans et auquel il m'arrive encore de penser si souvent.

Comme Jérôme, il est petit et mince, il a les cheveux noirs bouclés, le teint mat, le nez aquilin, les yeux sombres. Comme Jérôme, il a un grain de beauté sur la joue droite et il porte des lunettes.

Son visage s'éclaire quand il dit : "c'est magnifique". Il se dirige vers un autre stand. Je le suis. Il marche en claudiquant légèrement. Je crie : "Jérôme !". Il se retourne vers moi. Il me sourit.

- C'est à moi que vous vous adressez ?

- La ressemblance, vous voyez…

- Je ressemble peut-être à Jérôme mais moi, c'est Flavio.

- Vraiment désolée…

Avec le temps, n'est-il pas normal que sa voix se soit affirmée et soit devenue tellement différente ?

Il me tourne le dos en s'éloignant. Je le suis. Il se retourne plusieurs fois. Il a probablement surpris mon manège. Je m'arrête et je vais alors vers la basilique.

Les œuvres exposées pour le concours de peinture me plaisent plutôt bien. La plupart représentent des coins pittoresques de la place d'Avioth.

Quelque chose du dehors, en dedans.

Je songe à lui… Je me dis : "Si je le revois en sortant d'ici, je l'aborde, je lui propose de boire un café… Je tenterai ma chance. Il a peut-être ce talent qu'avait Jérôme de me faire rire, de faire palpiter mon cœur devant les merveilles de la nature !"

Je m'arrête un instant face à la statue de Notre-Dame. Je demande à la vierge de venir à mon secours, de m'aider à trouver l'amour. Devant moi, une femme prend des photos. Je sors mon appareil de ma poche, de quoi garder des souvenirs de ces vacances.

Dedans et dehors, c'est jour de fête.

Dedans, mes yeux captent la lumière délicate des vitraux. Dedans, il fait frais.

Dehors, il fait chaud. Dehors, m'attend une lumière estivale, une lumière qui adoucit un peu les paysages, qui fait fondre mon cœur et qui, avec un peu de chance, pourra entrouvrir les portes de l'amour…

Dehors, je mitraille : des hommes, des femmes, des enfants, un chien, un relieur en pleine activité, un tailleur de pierre, un calligraphe.

Voilà de nouveau Flavio, il s'approche de la table et examine une enluminure avec attention. Cet après-midi est le plus beau de l'été puisqu'il me replonge dans ma jeunesse. Le temps s'est arrêté. Une jeune femme le rejoint et frappe sur son épaule. D'un coup, mon projet de l'aborder s'envole !

C'est triste d'être une femme sans amour. Ma vie s'écaille déjà telle une existence de vieille fille. Je voudrais marchander un peu de tendresse. Du fond de ma mémoire me vient la sensation d'une main qui prenait la mienne et m'entraînait dans le parc de Vittel. Je pensais alors que je reverrais Jérôme année après année. Mes grands-parents ont continué de m'emmener à Vittel mais les parents de Jérôme n'y sont jamais revenus…
Au début, Jérôme et moi, avons échangé quelques lettres avant qu'il ne m'adresse une dernière carte postale de la Guadeloupe me signalant que ses parents y avaient repris un hôtel. J'ai répondu aussitôt, aucun courrier de lui ne m'est plus parvenu.

Le soleil me couvre de baisers ainsi qu'aucun homme ne l'a plus fait depuis des années.

Flavio et sa compagne se perdent dans la foule. J'avance jusqu'au campement médiéval pour assister au spectacle de fauconnerie. J'aide une personne en chaise roulante à se placer au premier rang du public, puis je m'écarte pour laisser passer quelques enfants. D'autres personnes arrivent. Flavio et la jeune femme se faufilent jusqu'à la dame en chaise. Ils se penchent vers elle pour lui parler. Elle me montre du doigt. Flavio se retourne. Il me crie ce que je devine être un "Merci…" Je lui adresse mon plus beau sourire. Durant la démonstration, je prends quelques photos de lui en catimini. Quand tout est terminé, il s'approche de moi : "Merci pour Maman !" Je réponds : "Oh, je sais ce que c'est ! Ma mère a été elle aussi en chaise, pendant plusieurs mois, après son accident de voiture." Il dit : "Ma sœur et moi, nous nous étions attardés au stand de vannerie. Le gars qui faisait des paniers était tellement habile que nous n'avons pas regardé notre montre. Ça nous rappelait notre enfance quand nous tressions des roseaux avec notre nonna. Nous en avons oublié Maman… Pourtant, elle aime venir à Avioth. Pour rien au monde, elle ne raterait les événements importants qui s'y passent. Elle a l'impression que depuis son pèlerinage de l'an dernier, elle a retrouvé une meilleure sensibilité dans ses jambes."

Je dis : "Si vous voulez, on peut boire un café à la terrasse là-bas, près de la basilique ?"

Il me répond : "D'accord dans une demi-heure. Maman voudrait tout simplement voir d'autres artisans… C'est moins fatiguant pour elle quand on la pilote."

Je refais un tour de la place en attendant l'heure du rendez-vous. J'aperçois un homme et une femme qui avancent en se tenant par la main. Je pense aussitôt à mes parents qui formaient un couple très uni. Toute une vie passée, ensemble, au bureau d'assurances et à la maison jusqu'au décès de Papa des suites d'un infarctus. Durant mon enfance, je ne concevais pas de suivre une autre voie que celle qu'ils désiraient pour moi : me marier jeune, passer toute ma vie auprès de mon mari et de mes enfants. Après Jérôme Mandernieux, j'ai fait la connaissance de Marc durant ma première année à l'université. Au début, c'était l'amour fou et nous nous sommes mis en ménage. Puis, au fil des années, je n'ai plus accepté de partager Marc avec sa passion pour la biologie. J'ai rompu quand il a pris l'habitude de rentrer de plus en plus tard de son laboratoire.

À l'heure convenue, je m'assieds à la terrasse et j'attends Flavio. Il arrive en retard, le même manque de ponctualité que Jérôme. Il hésite entre un café et une eau. L'hésitation, un autre trait du caractère de Jérôme. Il plisse le front quand il sourit. Comment ne pas penser à Jérôme ?

- Tiens, vous ne vous appelez pas Mandernieux ?

- Non, pourquoi ?

- Vous avez le même regard que les Mandernieux qui habitaient près de chez moi.

Il sourit.

- Non, je ne m'appelle pas Mandernieux. Mon nom est Larocca et je suis tout simplement d'origine italienne pure et dure !

Nous parlons des "Artistiques".

- Si vous avez une adresse mail, je peux vous envoyer des photos. J'en ai pris beaucoup…

Il sort une carte de son portefeuille.

- Merci, cela fera plaisir à ma mère. Elle adore cet endroit.

Ainsi, ce n'était pas plus difficile que cela de pouvoir garder un lien avec lui.

Oh ce sourire ! Oh cette façon de passer sa main dans les cheveux !

Je tends une nouvelle perche : "Je loge à Montmédy. Mercredi, je viens déjeuner ici. Ça vous dit de venir manger un bout avec moi ?"
"Mercredi, c'est d'accord. Je connais bien ce restaurant. Nous avons déjà réservé une table pour le 15 août prochain."

J'ai envie de pousser un grand cri de joie. Pourtant je me contente de murmurer "Chouette".

Le mercredi, quand Flavio se penche pour ramasser la serviette que j'ai laissé tomber, je me souviens de cette gentillesse de Jérôme qui disait : "Prends ce croûton de baguette, c'est le meilleur morceau", ou "Assieds-toi sur ce siège, il est bien plus confortable." Je ne peux m'empêcher d'établir le parallèle entre les deux garçons. Tout me semble comparable, la douceur du regard, le rire facile.

Je rentre chez moi le vingt-huit juillet en fin d'après-midi. Aucune confidence de Flavio ne m'a échappé. Ma mémoire a fonctionné comme au temps de mes études. À peine rentrée dans mon appartement, je prends mon agenda et je note en rouge à la date du quinze août: 'Avioth messe 10 h 30, vêpres 15 h, concert 17 h'. Puis sans même vider ma valise, j'envoie quelques photos à Flavio avant d'imprimer la plus belle que j'ai faite de lui.

Qu'il m'est difficile de résister à la tentation de lui téléphoner ! Comment faire pour ne rien laisser paraître dans mes messages ? Comment suis-je arrivée à refouler les mots tendres qui me venaient alors que je rédigeais le mail ?

Le soir déjà, il y a plusieurs portraits de Flavio punaisés sur les murs de mon bureau. Quand je les regarde mon cœur s'emballe. Je couvre de baisers la photo que j'ai placée dans un cadre à la droite de mon ordinateur. Oui, je suis amoureuse. Amoureuse… J'en perds le sommeil, j'ai des crampes à l'estomac mais que cela est bon ! Je chante à longueur de journée "you are the sunshine of my live" et "ti amo", devenues mes chansons fétiches. J'en oublie de téléphoner à ma mère, à ma sœur, à mon amie Carine. J'en oublie de saler la soupe et les œufs. J'en oublie de nourrir mes poissons rouges.

Chaque jour qui me sépare du quinze août, je mange des tomates, le légume préféré de Flavio. C'est ce qu'il m'a confié lors de notre unique repas ! Je me force à cuisiner à l'huile d'olive parce que je sais qu'il aime ça, je parsème mes conversations de 'tout simplement' son expression favorite.

Chaque jour, je lui envoie un petit message : blague, citation, joli diaporama. Parfois, il me répond d'un modeste 'merci et bonne journée' ou m'adresse un magnifique diaporama accompagné d'une musique romantique.

Le quinze août à 9 heures, je suis à Avioth. Je l'attends assise sur un banc près de la mairie. Une vue imprenable sur la place ! Impossible de rater son arrivée, d'autant plus qu'il sera accompagné de sa mère et de sa soeur.

À 10 heures 10, il est là. Les jambes me fourmillent mais je compte lentement jusque deux cents avant de marcher à petits pas jusqu'à la basilique. Quelle chance, une place est libre près de lui et je m'y assieds. Il se tourne vers moi et sourit, les deux femmes me saluent discrètement. Impossible de me fixer sur la moindre prière. J'attends l'instant du partage de la paix pour lui donner un simple bisou sur la joue. Seule compte la perspective de ce moment. Je remue les lèvres pour feindre la piété. Feindre, toujours feindre, pour ne pas me trahir…

Après la messe, il me propose de déjeuner avec sa mère et sa sœur. Le repas se déroule agréablement. Oh ce regard sombre mais rieur ! Oh cette façon de parler avec les mains !

Après le café, il a envie de profiter au maximum du beau temps et de rester dehors à prendre le soleil. Je décide moi aussi de ne pas assister aux vêpres. Après avoir conduit sa mère dans l'église, il revient à mes côtés et nous restons assis sur un banc près de la mairie. Je le complimente sur sa culture, sur sa joie de vivre. Il se dit charmé par ma gentillesse et ma douceur. Il se penche vers moi. Nos lèvres se rencontrent… Oh le délice de cet instant ! De nouveau, il m'embrasse.

Mise en confiance, je lui raconte mon histoire avec Jérôme, ma méprise en l'apercevant, mes sentiments sans doute attisés par la ressemblance qu'il y a entre lui et Jérôme. Mais lui, plutôt que de me prendre dans ses bras, me rabroue : "Mais ce n'est pas moi que tu apprécies, c'est un autre… Prends garde. La désillusion n'est pas loin." J'essaye de l'apaiser : "Je t'assure. Ce n'est pas qu'une coïncidence. Je ressens quelque chose pour toi." Il rétorque : "Pour moi, pour Jérôme ou pour ta jeunesse perdue ?" J'insiste : "Pour toi, pour toi, Jérôme…" Furieux, il gagne la basilique en courant. Moi je crie "je t'en prie. Flavio, Flavio reviens… Tu ne vas pas tout gâcher pour un petit lapsus." L'amour ne s'habille souvent pas de pudeur. Je cours, derrière lui. Il se retourne et hurle "pauvre folle. Rentre chez toi !" Des touristes et des fidèles n'ont d'yeux que pour nous deux mais je n'en ai cure. Je crie de plus belle : "Flavio, Flavio…" Trop tard, il entre dans l'église !

Je l'appelle sur son portable. Même pas le temps de dire : "Flavio…" qu'il raccroche. Plusieurs essais, autant d'échecs.

Je rentre chez moi… Je pleure… À minuit, je lui adresse un courriel qui restera sans réponse.

En une semaine, j'envoie plus de soixante courriels. Je lui téléphone plus de dix fois par jour. Tant et tant d'insuccès n'ont pas raison de mon entêtement… Je m'obstine. Je veux le persuader, j'y arriverai coûte que coûte !

Le cinq septembre, je reçois un courrier de Maître Dumont, avocat, me signifiant que mon harcèlement n'a que trop duré et que je risque de sérieux ennuis si je persiste.

En lisant la lettre, ma gorge se noue. Alors je décide de laisser du temps au temps.

Fin octobre, à l'occasion de mon anniversaire, je me rends chez Flavio. Je profite qu'un habitant de sa résidence pénètre dans l'immeuble, pour accéder à son étage. Lorsqu'il ouvre sa porte et me voit, il blêmit. Je n'ai pas l'occasion de dire la phrase que je me suis répétée des dizaines de fois dans l'auto : "pour mon anniversaire, accorde-moi un petit entretien s'il te plaît…" Il pointe l'index vers moi, il hurle : "Va-t-en ! Pars d'ici ! Espèce de folle !" C'est une sorte de réflexe, je sors le couteau de mon sac, je frappe, je frappe et frappe encore. Le sang coule et d'un coup, cela me dégrise.

"Oh Jérôme, pourquoi ?"

dimanche 17 juillet 2011


Christine Brunet, une autre auteure de Chloé des Lys et que nous avons eu le plaisir de rencontrer cet été dans sa belle région d'Auvergne a bien voulu me consacrer une très longue interview sur son blog.

Elle n'a pas son pareil pour poser les bonnes questions et en fonction de mes réponses, elle a poussé plus loin ses demandes.

Le résultat : http://www.passion-creatrice.com/article-micheline-boland-ecrire-c-est-palper-des-pensees-semer-des-mots-78553171.html que vous apprécierez, je l'espère.

En ce qui me concerne, je trouve cela bien intéressant... Et vous ?

lundi 27 juin 2011

Bonne nouvelle en rentrant de vacances...

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Un bel article écrit par Monsieur Pierre Dejardin et paru le lundi 20 juin dans le journal l'Avenir. Voilà de quoi allécher les amateurs de contes et me faire connaître davantage dans l'Entre Sambre et Meuse !

Grand merci Monsieur Dejardin !

Si vous voulez lire...
http://chloedeslys.buygoo.net/t2928-une-bonne-surprise

mardi 7 juin 2011

Troisième prix à l'ASPH


UN RIEN DE BONHEUR

Le bonheur peut passer
Par le chas de l'aiguille
Comme un mot émoussé
Ou l'odeur de vanille.

Le bonheur peut venir
De la boîte à musique
Comme un demi-soupir
Ou un chant romantique.

Le bonheur peut couler
Par la simple crevasse
Comme un encens brûlé
Ou un rayon fugace.

Le bonheur peut filer
Par la porte entrouverte
Comme un insecte ailé
Ou une voix offerte.

vendredi 27 mai 2011

Juillet approche...


Cette histoire date d'un temps très lointain où chaque année et à plusieurs occasions, la procession passait dans les rues du village.

Chaque fois que le cortège, curé en tête, défilait dans la rue où il habitait, Raymond, un homme par ailleurs assez paisible, manifestait sa mauvaise humeur en criant par la fenêtre grande ouverte de sa chambre : "Le Tour de France passe ! V'la le Tour de France qui passe !"

Croyez-moi, il hurlait plus fort que les maraîchers, le Raymond et il ne privait pas de le faire depuis le moment où le cortège était au coin de sa rue jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vue.

Il faut dire que depuis que la jolie fille qu'il courtisait avait décidé d'entrer au couvent une cinquantaine d'années plus tôt, Raymond s'était mis à détester les curés, le clergé et toutes les manifestations religieuses. Alors, depuis ses vingt-deux ans et jusqu'à sa vieillesse, il garda cette habitude de s'en moquer.

Pour rien au monde, il ne se serait absenté du village un jour de procession. Tant il était excité, il passait une nuit blanche la veille de l'événement.

Et puis vint ce samedi de juillet où Raymond rendit le dernier soupir ! On fixa la date des funérailles au mardi suivant ! Ce mardi-là, Clémentine sa femme, malgré le chagrin, eut un petit sourire. En effet, pour conduire son époux jusqu'à dernière demeure, il fallut faire un long, très long détour à travers le village parce que ce mardi-là, eh bien, le Tour de France passait par les routes que devait emprunter le cortège funèbre pour rejoindre le cimetière !

Beaucoup de villageois virent là un signe du ciel, même une sorte de châtiment. Même Clémentine qui en voulait toujours à son époux d'avoir manifesté un si fidèle attachement à son premier amour, applaudit à cette soi-disant justice divine…

dimanche 1 mai 2011

DU MUGUET POUR LA PAIX


Anne attend, au volant de sa voiture, son fils Florent qui est allé acheter un pain. Elle observe Catherine qui passe avec son chien. Elle baisse la tête. Elle hausse les épaules. Elle se souvient du temps où elles étaient les meilleures amies du monde. En ce temps-là, elles avaient choisi de faire les mêmes études afin de rester ensemble le plus longtemps possible. Et puis, il y avait eu l'incident. Sa grand-mère qui était veuve, s'était mise en ménage avec le compagnon de la tante de Catherine. Du jour au lendemain, il leur était devenu impossible de demeurer amies. Plus une parole, plus un sourire entre elles puisqu'elles appartenaient à des camps opposés.

Les années ont passé. Anne et Catherine se sont mariées, ont eu des enfants. Les deux amoureux par qui la rupture était venue entre les deux familles se sont séparés mais la rancune est demeurée ! Bien que Catherine et Anne habitent le même quartier, elles vivent donc en feignant de s'ignorer.

Quoiqu'il ne connaisse pas les détails de l'affaire, Florent est bien conscient de cette animosité qui règne entre les deux familles. Il voudrait quelquefois jouer avec Alice et Ben, les deux enfants de Catherine mais il n'ose enfreindre l'interdit !

Ce premier mai, le muguet est fleuri dans le jardin d'Anne. Alors, Florent en cueille. Il fait le tour du quartier. Il en offre aux amis. Pourquoi n'en offrirait-il pas à Catherine ? L'idée lui est venue, soudainement, chemin faisant.

Les mots affleurent sans qu'il les cherche. "C'est de la part de Maman." Pour Catherine, c'est un rêve. Anne lui envoie du muguet ! Aussitôt, elle va cueillir, quelques brins dans son propre jardin. "Tu la remercieras. Tu les lui offriras de ma part."

"C'est de la part de Catherine". Pour Anne, c'est aussi un rêve, Catherine lui donne un brin porte-bonheur.

Un coup de fil de remerciement et les deux femmes se revoient. Oubliées les amours interdites, les querelles qui ne les concernaient pas !

De la part du bonheur, un pas vers la réconciliation ! De la part de la paix, abandonner la rancune, accorder un pardon, offrir un mot, un sourire, un clin d'œil, une fleur !

dimanche 24 avril 2011

UN ŒUF DORÉ POUR PÂQUES


Ce matin de Pâques, Corentin est installé sur la petite terrasse de la cuisine, il joue avec ses 'Lego'. À droite de Corentin, de nombreux pots où poussent des herbes aromatiques et des pensées.

Soudain, Corentin entend des cris et des rires venant d'un jardin voisin. Il lève les yeux et voit des enfants courir entre les buissons. Une fillette vêtue de rose, brandit une grosse poule en chocolat. Puis, un gamin, Luc, qu'il connaît bien puisqu'il est dans la même classe que lui, déniche un coq qu'il peine à tenir entre les mains. Pas de doute, les enfants sont à la chasse aux œufs…

Corentin observe quelque temps avant de s'intéresser de nouveau à ses petites briques multicolores. Le cœur n'y est plus. En ce dimanche ensoleillé, Corentin n'a eu droit qu'à des œufs durs et à des sujets creux en chocolat blanc. La comparaison n'est évidemment pas en sa faveur. C'est une certitude, les performances de Luc dépasseront toujours les siennes, que ce soit en dictée, à la course, aux billes.

À midi, Corentin passe à table avec ses parents. Dans sa famille, ce jour de fête est pareil à un jour ordinaire. Sa mère a préparé du poulet et de la compote, son père a dressé la table dans la cuisine.

Après le repas, Corentin retourne sur la terrasse. Il lui semble entendre encore les cris et les rires provenant du jardin voisin. L'envie gâche son jeu. Il s'apprête à rentrer pour s'asseoir devant la télévision, lorsque, dans le pot contenant le thym, il remarque un œuf dans un emballage doré. Un œuf pas bien gros mais pourtant si attrayant. Corentin s'en saisit et comme ça, à le soupeser, conclut qu'il n'est sûrement pas en chocolat. Il rentre dans l'appartement et le déballe. Sous le papier doré, l'œuf est lui aussi tout doré. Il s'agit d'un œuf en métal ! Il appelle sa mère. Celle-ci qui a vendu des bijoux à l'Univers du Rêve, le stand joaillerie du supermarché, estime qu'il est en or, de l'or quatorze carats, affirme-t-elle après examen. L'œuf présente un anneau et une minuscule charnière qui s'ouvre, révélant en son milieu une veille photo noir et blanc d'un enfant. Une photo familière, qui, agrandie, se trouve dans un cadre noir sur la cheminée chez son arrière-grand-mère.

"Où as-tu trouvé cela ? " demande sa mère. Corentin lui explique. "Ton arrière-grand-mère l'avait perdu au cours de ses nombreux déménagements… Elle y tenait beaucoup. La photo à l'intérieur de l'œuf est celle de son petit frère mort avant la guerre. Je n'avais jamais vu ce bijou mais j'en avais entendu parler…"

L'après-midi, Corentin et ses parents vont chez l'aïeule lui donner le bijou. Pour elle, ce fut un dimanche de Pâques inoubliable et pour Corentin les baisers reçus furent plus affectueux que ceux jamais reçus par Luc.

Dans la famille, on s'interrogea et finalement, personne ne put expliquer comment le petit œuf en or s'était retrouvé sur la terrasse.

dimanche 10 avril 2011

Haïkus d'avril


Un poisson d'avril
Dans le dos d'un Allemand
Audace de guerre


Odeur de jacinthe
Avant la première tonte
J'en rêvais déjà


Petite souris
Toutes les femmes s'enfuient
Quand tu apparais


Mouette et canard
Côte à côte sur la Sambre
Es-tu amoureux ?


L'oiseau sur la branche
En-dessous du vieux poirier
Le chat aux aguets


Odeur de printemps
Les rangées de jacinthes
Bleuissent les yeux


Mies de biscottes
Sur le miroir du bouillon
Voyage d’avril !


Rayon de soleil
Sur le clavier de l'ordi
La mouche au repos


Les pensées jaunes
Tellement épanouies
~ Tous mes bleus au cœur


Premier barbecue
Le jardin autour de moi
Devient trop petit

lundi 21 mars 2011

En vitrine...


Trois photos prises du même endroit et montrant mon dernier livre en vitrine de la Librairie Huwart à Mont-sur-Marchienne :

Avouez que je suis bien entourée par Françoise Dorin, Alexandre Jardin, Harlan Coben et le guide Michelin !



La semaine prochaine ce sera au tour du livre de Louis.

Merci Monsieur Huwart !

mercredi 16 mars 2011

Le bibliothécaire parle de moi !

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La revue Le Bibliothécaire consacre une page à mon livre "Le magasin de contes".

Voici l'article suivi de la critique d'Anne Piéroux :

LE MAGASIN DE CONTES / Micheline BOLAND.-
Barry : Chloé des Lys, 2010.- 157 p. ; 21 cm.- Isbn : 978-2-87459-491-5.- 20.70 €.-

L’auteure :

Dès l'école primaire, les rédactions proposées en classe ont déjà été pour Micheline Boland des incitations à l'écriture. De la classique description de lieux ou d'objets, Micheline passait volontiers aux personnages qui y évoluaient ou qui les manipulaient. Ainsi, la cuisine décrite par Micheline était la cuisine où sa mère s'affairait en chantant et en parlant avec sa fille qui lui servait à l'occasion de petite main ! Micheline prenait plaisir à refaire chez elle, des rédactions comparables à celles imaginées en classe. Par exemple, l'institutrice demandait de décrire une cuisine ou un jardin. Durant ses loisirs, Micheline avait à coeur de décrire aussi, la salle de bains et le salon, un verger ou une plage. À l'époque, tous ces textes étaient écrits avec une touche sur une ardoise. Il n'en reste donc aucune trace mais les bons résultats obtenus en rédaction et dissertation, les appréciations de ses parents, grands-parents, parrain et marraine l'ont encouragée à poursuivre !

À partir de l'adolescence, Micheline a participé à des anthologie de poésie, à des revues littéraires publiant des nouvelles de jeunes auteurs, à la rubrique réservée aux jeunes poètes dans des journaux comme le Soir, la Cité ou le Peuple.

Après des études de psychologie, Micheline a travaillé comme psychologue dans un centre PMS. Elle a également suivi une longue formation de maître-praticienne en programmation neuro-linguistique (P.N.L.).

À partir de son expérience, elle a écrit divers articles de psychologie appliquée pour des revues (articles relatifs aux régimes, aux examens, à l'ennui, à l'immobilisation par exemple). Certains ont été publiés en Belgique et en France. Son souci était d'aider des personnes à trouver des stratégies plus adéquates pour faire face à leurs problèmes ou difficultés. On peut retrouver ce souci dans certains contes ou poèmes parus dans ses livres et dans un journal publicitaire de la région de Charleroi.

Micheline a écrit des contes, puis elle a décidé de les présenter oralement notamment lors du concours de contes de Surice (Province de Namur) où elle a été de nombreuses fois finaliste. Se retrouver devant un public attentif lui est toujours agréable et particulièrement avec les enfants dont les yeux brillent en l'écoutant…

Elle a publié sept livres aux éditions Chloé des Lys à Barry, bientôt un huitième. Elle a participé à des recueils collectifs chez d'autres éditeurs et est active sur différents sites Internet de poésie, surtout de haïkus, ces courts poèmes d'inspiration japonaise.

Comme celui-ci qui est un bon résumé de sa philosophie littéraire :
Une plume glisse,
Une histoire et puis une autre
Qui y goûtera ?

Le livre :

Lorsqu'on franchit la porte du magasin de contes de Micheline, ça sent bon le feu de bois, le chocolat chaud et les gâteaux, les spéculoos.

L'espace est rempli de chaleur, celle de notre famille, mais aussi de souvenirs, ceux qu'on a partagés dans la nature ou lors des fêtes. Ça nous fait remonter à notre enfance et aux joies des plaisirs simples.

C'est d'ailleurs le thème du conte "La couturière" que j'ai particulièrement apprécié pour son rythme et sa morale. En effet, le texte est ponctué d'une ritournelle "Et tip et tap, et tip et tap…" Grâce à celle-ci, on s'imagine la couturière marcher de porte en porte pour chercher du travail. "Et tip et tap, et tip et tap…" Elle parcourt bois et champs et se réjouit des petits cadeaux que la vie lui offre. Malgré sa misère, elle vit heureuse et ne profite pas de la situation même lorsqu'elle découvre une pièce en or.

Micheline, nous fait découvrir "SA" nature, celle qu'elle voit avec ses yeux de raconteuse. Le tilleul qui se trouve sur toutes les places communales devient le colporteur de rumeurs du village. L'écureuil que l'on connaît pour ses provisions est en réalité tellement distrait qu'il en oublie où il les cache. C'est pour cela qu'il doit multiplier les coins. Le marronnier malade s'offre un dernier sursis en proposant un trésor au bûcheron qui doit l'abattre. Le cerisier du jardin de Vinciane reste son ami, son soutien malgré les années qui passent et la trahison. Et les souris, me dites-vous ! Eh bien, les souris, elles déménagent !

L'auteure nous parle aussi des nombreuses fêtes qui jalonnent l'année : la Saint-Nicolas, la Noël, le carnaval, Pâques. Pour chacune, elle a inventé une histoire qui nous renvoie finalement à notre propre histoire. Ces textes lui ressemblent : Ils sont frais, souvent heureux, remplis de bons sentiments, d'amour et d'humour. Ils chantent, après tout, que le monde est plutôt doux, que la vie vaut la peine d'être vécue même face à l'adversité. Assurément, un bon bol d'oxygène ! D'ailleurs, tout en les lisant, il me semble qu'il m'est arrivé d'entendre Micheline me les contant.

Voilà pourquoi, il ne faut pas hésiter un seul instant à franchir le seuil de la porte du magasin de contes !

Anne Piéroux, professeur de français

jeudi 24 février 2011

Le huitième...




Pour la huitième fois, un de mes livres va voir le jour dans les prochaines semaines...

Ce n'est plus l'angoisse du premier en 2004 mais l'impatience est toujours là et surtout le désir de faire partager mes écrits à mes fidèles lecteurs !

"Humeurs grises Nouvelles Noires", 150 pages pour 18 nouvelles et toujours le même éditeur, Chloé des Lys.

Dès la parution officielle, je vous tiendrai au courant, bien sûr !

jeudi 27 janvier 2011

Petits contes philosophiques


Je viens de suivre une formation avec Michel Piquemal, conteur philosophe... Voici trois textes que j'ai écrits à cette occasion.

POURQUOI LA GIRAFE A LA PEAU TACHÉE ?

Il était un temps où la girafe avait le pelage uni. La girafe se plaignait beaucoup de sa condition et, voyant les autres animaux de la savane, en concluait que tous avaient, bien plus qu'elle, été avantagés par le Créateur.

"Oh, ce n'est pas possible, ce long cou à supporter me fatigue, me fatigue, me fatigue. Si encore, ce cou m'apportait une beauté spéciale ou faisait peur aux autres. Mais là, je n'en subis que les inconvénients. Ah si j'étais belle comme un zèbre ou comme un guépard. Si l'on excepte ce fichu cou, je suis tellement ordinaire !"

Ainsi, la girafe à longueur de journée, de semaine, de mois ne cesse de jalouser les autres animaux et de se morfondre…

Un jour, n'y tenant plus, elle demande au zèbre : "Comment se fait-il que tu aies une si belle robe ? Qu'as-tu fait pour cela ?"

Le zèbre réfléchit… Dire la vérité, lui le modeste, il ne l'ose pas. Parce que la vérité c'est qu'un de ses lointains ancêtres a réalisé un acte de bravoure. Ce lointain ancêtre s'était, en effet, arraché des lambeaux de peau aux broussailles de la savane pour parvenir à en faire sortir quelques lionceaux joueurs et inconscients qui s'étaient réfugiés en un endroit hors d'atteinte de leur mère. Le sang qui coulait des blessures avait séché, laissant des traces noires sur la peau blanche. Des traces indélébiles transmises aux générations suivantes par le Très Haut.

Le zèbre interrogé doit faire vite. Devant ses yeux se trouve une mare presque asséchée, alors le zèbre répond : "Hum, après la fin de la saison des pluies, alors que j'avais quelques jours, ma mère m'a baigné dans la boue. C'est une tradition familiale. Voilà, tu sais tout !"

Aussitôt, la girafe s'en va se baigner dans la mare. Hélas, celle-ci est polluée et la girafe en sort maculée de taches brunâtres qui, connaissant son caractère chagrin, ne la satisfont qu'à moitié.

Moralité : cessez de polluer les cours d'eau, les mers et les lacs si vous ne désirez pas que les générations futures à la moindre baignade aient le corps marbré comme celui de la girafe.


SI TU VEUX ÊTRE AIMÉ, AIME

Germaine est une petite grenouille bien malheureuse. Elle est moche, des plaques brunes, plus irrégulières que celles de ses sœurs et de ses amies, lui couvrent la peau.

Elle est dotée d'une voix rauque et pousse des "quoi, quoi,…" tellement ridicules ! "Ne touchez pas cette bête, disent les mères à leurs enfants, sans quoi vous aurez des problèmes d'allergie". "Je ne joue pas avec toi, t'es trop laide", disent les autres grenouilles.

Germaine est triste de toutes ces réflexions. Elle pense : "Je n'attire pas la sympathie. On ne m'aime pas et je ne peux rien y changer. Rien ne m'empêche pourtant d'être gentille. Au moins, je serai contente de moi. Et puis qui sait, peut-être, un jour trouverais-je ainsi une amie ou un mari…"

Alors, un jour qu'elle observe un oiseau chercher pitoyablement à attraper un insecte, elle fait quelque bonds et lui ramène une belle mouche… "Oh merci, ma douce", fait l'oiseau.

Après avoir aidé cet oiseau, elle secourt des oisillons encore peu expérimentés, leur présentant collés sur sa langue de délicieux insectes dont elle aurait pu faire bonne chère.

Un autre jour, elle voit une vieille grand-mère qui pleure et gémit près de la mare. "Oh mon pauvre Jules, parti trop tôt !" Alors Germaine pour consoler la vieille coasse : "Quoi, quoi…" et la vieille, dont l'audition est mauvaise, comprend "Crois, crois…"? La vieille reprend aussitôt courage. "Oui, mon Jules, je crois bien que je te retrouverai là-haut…", fait-elle avec un petit sourire.

Un autre jour encore, elle réalise mille sauts périlleux pour distraire une de ses sœurs immobilisée par une patte cassée.

Un peu plus tard, en quelques bonds, elle transporte un petit escargot qui avait rendez-vous à l'autre bout du jardin.

Un beau matin, la petite grenouille, entend, Maurice, un de ses lointains cousins avouer à son frère en rougissant : "Je l'aime bien Germaine, elle est si charmante et serviable… Je crois bien que j'en suis dingue amoureux."

Par sa douceur et par sa compassion, Germaine avait séduit Maurice et un peu plus tard, celui-ci la demanda en mariage.


POURQUOI LES CERFS ONT-ILS DES BOIS ?

De tous temps, les cerfs ont vécu dans les forêts. De tous temps, ils ont eu conscience de leurs innombrables qualités. Rapides à la course, élégants, souples, ils se considéraient comme les seigneurs des forêts.

Mais un jour, l'un d'eux surpris une conversation entre deux chênes : "Il n'y a que nous, mon cher, qui puissions inspirer le respect de toute la création. Nous sommes beaux, enfin je veux dire, magnifiques, splendides, admirables. Nous vivons très, très longtemps. Personne ne peut rivaliser avec nous… J'oserais même affirmer que nous pourrions prétendre concurrencer le dieu des forêts si nous étions plus audacieux." "Pour sûr, pour sûr", approuvait l'autre chêne en gonflant son feuillage.

Alors le cerf, furieux qu'un arbre s'attribue la place qu'il lui semblait revenir, alla tout rapporter de cette conversation au dieu des forêts.

"Ah les gredins", tonna celui-ci, je vais prendre quelque sanction bien sentie à leur égard. Et toi, je veux te récompenser pour ta loyauté. Que puis-je pour toi, mon ami ?"

"Orner ma tête de bois, Monseigneur" fit le cerf qui espérait ainsi rabattre le caquet des chênes.

C'est depuis ce temps, paraît-il, que les cerfs mâles portent des bois et que les chênes sont pourvus de feuilles caduques et non plus persistantes comme ils l'étaient jadis.

dimanche 16 janvier 2011

Se voiler la face


De l'origine de l'expression...

Il y avait jadis une jeune et jolie princesse, Isabelle. Elle tomba amoureuse de Pierre, le premier palefrenier de son père. Il faut dire que c'était un fort bel homme : grand, le teint mat, les yeux légèrement dorés, il avait un port de tête noble et se déplaçait de manière élégante. De plus, cet homme avait un caractère doux, social, enjoué, serviable et se montrait cultivé. Il parlait d'une voix grave et chantonnait volontiers en pansant les chevaux. Le cœur de la jeune princesse battait la chamade et ses joues s'empourpraient quand elle le croisait ou l'entendait.

Pierre, de son côté, n'était évidemment pas indifférent aux charmes d'Isabelle…

La jeune princesse était désespérée car son père la destinait au prince Nicolas, un prince héritier aussi hautain que sot, aussi laid que riche et qui avait plus du double de son âge. Le prince Nicolas louchait, bégayait, sentait le tabac et ses joues étaient couperosées comme celles de certains vieux ivrognes. Mais comme elle était une princesse de devoir, Isabelle s'apprêtait à sacrifier sa vie sentimentale aux alliances politiques voulues par son père.

"Fais attention ma sœur", lui dit son aînée, un jour qu'elle l'avait vue converser longuement avec Nicolas. "Ta voix et surtout ton visage te trahissent. On remarque que cet homme te déplaît. Tu fais la moue à chacune de ses paroles…"

"Faites attention, ma douce enfant", lui dit sa grand-mère, la reine douairière. "Je vous ai vue plisser le nez en signe de dégoût alors que Nicolas vous complimentait. Si votre promis venait à s'en apercevoir, cela ferait mauvais effet."

Alors, Isabelle, prit la résolution de ne plus rencontrer son fiancé que le visage voilé d'un tissu très fin, orné d'une dentelle délicate, d'une teinte assortie à la couleur de sa robe. Derrière ce voile, il lui arrivait de rire des sottises que disait Nicolas, de sourciller, de grimacer tout à son aise… Elle prit conscience que le voile offrait aussi un autre avantage : il rendait moins visible le visage disgracieux de son promis et le lui rendait ainsi un peu plus supportable.

Ses parents demandèrent à Isabelle quelles étaient les raisons du port de cet étrange ornement : "Mes chers parents, répondit-elle, j'en entendu notre premier ministre dire qu'il fallait assurer la survie de nos industries textiles qui périclitent ces derniers temps. En lançant cette mode, j'espère les sauver…"

Le prince Nicolas qui je vous l'ai dit était un imbécile, jugea que sa promise était sûrement atteinte d'une maladie dermatologique. Il ne crut pas un mot des royales explications et refusa d'encore épouser Isabelle sous le prétexte qu'il ne voulait pas pour reine d'une personne qui se voilait la face devant ses sujets et suivait des coutumes étrangères.

Mais vous comme moi, nous savons qu'Isabelle ne portait ce voile que pour dissimuler ses réactions et voir de manière plus floue cet homme qui ne lui plaisait pas du tout… L'expression est restée jusqu'à nos jours : on dit qu'on se voile la face quand on s'arrange pour ne pas voir ce qui ne nous convient pas.

Ah j'oubliais, comme la jeune princesse ne devait plus épouser le prince Nicolas, elle put épouser Pierre… Pierre et Isabelle se marièrent, furent très heureux et eurent deux enfants beaux comme le jour, intelligents et bons comme l'étaient leurs parents.

Exercice fait à l'atelier d'écriture du 10 janvier.