mardi 24 mars 2009

On n'est jamais si bien servie...


Il y a toujours des choses que l’on voudrait savoir à propos d’un auteur de livres. A fortiori quand il s’agit d’une amie !

Les journalistes spécialisés ont toujours tendance à poser les mêmes questions. C’est pourquoi Louis, mon mari, a eu l’idée de demander à de nombreuses personnes de notre entourage quelle question elles voudraient me poser.

À ma grande surprise, plus de trente personnes ont répondu à son appel. Bien sûr, certaines questions ont été posées plusieurs fois et certains de nos correspondants n’ont pas hésité à multiplier les questions…

Voici celles qui ont retenu notre attention et auxquelles je réponds le plus honnêtement possible.

Micheline (une condisciple d’humanité) :
Qu'est-ce qui ou qui est-ce qui t'a fait découvrir un jour que tu avais un don certain pour l'écriture ? Quel âge avais-tu ?
Micheline :
En cinquième puis en sixième primaire, l’institutrice demandait assez régulièrement d’écrire des rédactions. J’avais plus ou moins onze ans. Il s’agissait de sujets tels que ‘la cuisine de maman’, ‘entre chien et chat’, ‘une panne de voiture’. Ces sujets étaient développés, en classe, sur une ardoise, dans un silence quasi religieux alors que nous étions plus de trente élèves. La lecture de ces rédactions suscitait des éloges aussi bien à l’école qu’à la maison car je mettais beaucoup de vie dans ces petits tableaux. Ces textes étaient des sortes de mini nouvelles dont je n’ai gardé aucune trace, hélas, mais les encouragements reçus m’ont incitée à écrire pour le plaisir. Mes lecteurs étaient surtout des camarades de classe et mes parents. En 1963, j’avais dix-sept ans, j’ai participé à l’anthologie ‘Poésie -20’, réalisée par Pierre Coran. À cette époque, j’ai adressé aussi des poèmes au journal Le Soir qui, chaque semaine, consacrait une rubrique aux jeunes poètes. Un poème a été retenu. Être lu par les lecteurs d’un grand quotidien, c’était le rêve et ce rêve s’était réalisé...


Isabelle (une amie conteuse) :
Comment fais-tu pour écrire autant ?
M :
Un mot, une image, un bruit, un parfum que je fais résonner en moi et c’est parti sauf quand j’ai un souci domestique ou autre. Dans ce dernier cas, la page reste blanche ou presque. Le plus souvent, j’arrive à laisser courir mon imagination sans exercer de censure dans un premier temps. Il en résulte beaucoup de premiers jets que j’ai tendance à laisser en l’état… Le plus difficile, c’est de me relire encore et encore. En ce qui me concerne, corriger, c’est la partie la moins agréable de l’écriture.


Jo (une amie animatrice d’atelier d’écriture) :
Ma question concernerait la prise de notes. Où ? Quand ? Dans quelles circonstances ? Dans un petit carnet ? Sur des bouts de papier ?
M :
Les gens qui me connaissent savent que j’ai toujours à portée de main un papier et un crayon. Quand l’idée survient, je la note. Un simple ticket de caisse suffit parfois à écrire ce qui m’a traversé l’esprit. On ne sait jamais, toute idée est bonne à prendre, au supermarché, au restaurant, en rue… Dès que j’ai l’occasion, je tape quelques phrases sur le clavier de mon ordinateur pour ne pas perdre ce qui se cache derrière les quelques mots griffonnés sur le papier. Inutile de dire qu’il m’arrive de jeter par mégarde ou de perdre l’un de ces précieux papiers…


Geneviève (une ancienne collègue psychologue en PMS) :
Quel a été le rôle de ta vie professionnelle dans le développement de tes productions littéraires : un incitant, un frein... ou... rien du tout ?
M :
Parfois, une réflexion, une confidence d’enfant ou de parent me conduit à écrire un poème, une nouvelle ou un conte. Bien entendu, je déforme ce qu’on m’avait dit, je le situe, dans un autre contexte, je modifie la réflexion. Un exemple : un enfant de cinq ans m’a parlé de son intérêt pour l’origine des carnavals et peu après, j’ai écrit ‘Réveil printanier’. Un autre exemple : un adolescent m’a parlé de sa tristesse suite à la mort de son chien et cela m’a amenée à écrire un conte qui met en scène un vieil homme veuf et son chien.


Jean-Marie (mon beau-frère) :
Quand tu commences à écrire un conte ou une nouvelle sais-tu à l’avance comment cela finira ou bien te laisses-tu guider par ton imagination ?
M :
Le plus souvent, je me laisse conduire par mes personnages. Je ne sais donc pas d’avance comment cela finira. Cela dépendra des rencontres que feront mes personnages et ces rencontres me sont plutôt inspirées par ce que la vie m’offre (une belle photo dans un magazine, un mot entendu qui fait des ricochets, le souvenir d’une chanson ancienne…) Parfois encore, la réflexion d’un lecteur qui a lu certaines de mes histoires, me pousse à aller dans une direction plutôt que dans une autre (par exemple : si un lecteur me dit qu’il apprécie quand je suggère une fin indécise ou qu’il a aimé telle nouvelle où la fin est plutôt noire !)


Évelyne (une amie de l’impro) :
Comment naissent tes histoires ?
M :
Mes histoires naissent du quotidien. Un exemple : un éclat dans le bois d’une porte suite à un cambriolage à la maison m’a conduite à écrire la rencontre entre une dame et un réparateur, ce réparateur ayant ce don de s’incruster qu’avait manifesté, chez une amie, un plombier que je connais. Le coup de foudre ressenti à la vue des jardins de Villandry m’a entraînée à me documenter à leur sujet et à développer une histoire qui se passe là-bas. Il suffit de petits riens pour que mon imagination s’emballe…


Bob (un ami écrivain et libraire) :
Peut-on être une petite fille curieuse de tout et un peu polissonne dans sa tête et une dame respectable, raisonnable et bardée de diplômes dans la vie ?
M :
Comme en tout individu, il y a de nombreuses facettes en moi. J’ai en moi une part enfantine à l’enthousiasme facile, un peu facétieuse, un tantinet joueuse et cette part se manifeste dans ce que j’écris.


Thérèse (une amie des ateliers d’écriture) :
Comment fais-tu pour avoir autant d'imagination tout en traitant des préoccupations quotidiennes ?
M :
J’envisage plusieurs issues possibles aux problèmes rencontrés au jour le jour. L’issue sera, en effet, différente selon l’humeur de départ du personnage dont je parle, selon les événements qu’il a pu vivre, selon les embûches qu’il va rencontrer, selon l’endroit où il va devoir faire face… Cela m’amuse d’imaginer, par exemple, ce qui va arriver si un invité laisse une brûlure de cigarette sur une belle nappe en lin.


Gérard (un ancien collègue psychologue en PMS) :
Que représente pour toi l'écriture ?
M :
L’écriture est mon loisir favori. C’est une activité qui m’est nécessaire. Elle permet à la fois de m’évader, de faire rêver, de surprendre, de remettre en question.


Olivier (un ancien de l’impro – metteur en scène) :
Tes qualités aujourd’hui connues et reconnues t’ont ouvert bien des portes. Chacun sait qu’il est difficile, d’abord d’oser imaginer présenter son œuvre à un éditeur, ensuite, de faire les démarches vers cet éditeur, d’y être reçue afin de défendre son bébé et enfin d’être éditée. Avec ta sensibilité, qu’est-ce qui a été le plus difficile ? Comment as-tu osé faire publier ton 1er livre ?
M :
L’écriture est un moyen de faire passer des ‘messages’ comme ceux-ci :
- Plusieurs chemins peuvent conduire là où l’on désire aller,
- Chacun perçoit son environnement d’une manière différente de celle de son voisin,
- Il est, la plupart du temps, possible de rendre sa vie plus agréable et de faire un meilleur usage de ses talents.
Faute de grands discours, je tente de faire passer mes idées par l’écriture. Je vis ainsi une sorte de tête-à-tête avec le lecteur.
Comme la plupart des auteurs, je crois, j’aime être lue. J’ai recours à tous les supports possibles pour arriver à ce but : blog, sites, journaux publicitaires, livres.


Louis :
Peux-tu nous parler de ton prochain livre ?
M :
Celui qui doit sortir cette année est un recueil de nouvelles intitulé « Nouvelles à fleur de peau ». Ces histoires mettent en situation des personnes très sensibles qu’un petit rien amène parfois à déraper mais aussi des personnes qui font face à leurs peurs, à la solitude, à la maladie, à la retraite, à des rencontres inattendues.