dimanche 20 décembre 2009

Conte de Surice


Voici donc le conte que j'ai défendu hier à Surice et si je n'ai pas gagné, je n'en suis pas moins fière que ce beau texte ait été sélectionné...


Un peu de terre

Massimo triture le tablier de sa grand-mère entre ses mains. Il tente en vain de retenir ses larmes. Il articule : "Tu viendras nous voir en Belgique, Nonna ? Tu viendras dis ?"

"Mais oui, mon trésor…" Massimo est partagé. D'un côté, il est heureux de revoir bientôt son père qui, depuis des mois, est parti travailler loin du village, dans un pays du nord. Mais d'un autre côté, il est tellement triste d'être séparé de sa grand-mère. Cela lui est si dur de se dire qu'il ne la verra plus, qu'elle ne le consolera plus de ses petits malheurs, qu'elle ne rira plus avec lui. A qui se confiera-t-il encore ? Sa mère ne semble remarquer que les bêtises qu'il peut commettre…"Tiens-toi droit", "écris plus petit", "mouche-toi". Sa mère n'est vraiment tendre que lorsqu'il est malade. Elle passe alors la main sur son front, le frictionne avec de l'eau de Cologne, le cajole en murmurant des mots gentils. "Ça va ma puce ?", "Tu veux quelque chose de spécial ? »

Nonna se penche vers lui : "Et n'oublie pas ce que je t'ai donné… La petite boîte."

"Oui Nonna…"

"Maintenant va, ta mère doit t'attendre."

Massimo rejoint sa mère dans la petite maison voisine. Elle est occupée à remplir une valise avec des robes, des tabliers, des pyjamas, des chemises de nuit, des culottes, des pulls… "Prépare ce que tu veux emporter, Massimo."

Massimo va dans le jardin. Aujourd'hui, le ciel est gris comme le sont ses pensées. Massimo sort la petite boîte bleue de sa poche et de ses mains nues fait ce que sa grand-mère lui a dit, il remplit la boîte de terre. La terre lui apparaît chaude, douce, maternelle. C'est la première fois de sa vie qu'il connaît ce contact. Massimo regarde longuement la terre avant de placer le couvercle et de fourrer cette petite chose bleue, ultime présent de sa grand-mère, en poche.

"Massimo, Massimo…"

"Oui Maman…"

"Seigneur, où t'es-tu encore sali ainsi !"

Massimo ne répond pas. Il va dans sa chambre, y prend le petit personnage de bois et la balle à peine plus grosse qu'un citron que lui a offerts sa grand-mère, quelques livres et va porter le tout à sa mère.

En fermant la grosse valise, sa mère chante, elle ne pense sans doute qu'à son père et à la jolie maison qu'il a louée là-bas. Son père a écrit : "Marie, la vieille propriétaire, est très gentille, elle m'a aidé à aménager. Elle est si heureuse de louer une partie de son habitation à un jeune couple avec enfant. Il y a un magasin et une école près de chez nous, un jardin derrière. J'ai eu de la chance."

Massimo part. Durant le voyage en train, pour se réconforter, il lui arrive de mettre la main en poche et d'effleurer la boîte. Quand ses doigts rencontrent le métal, il se sent moins seul, plus fort, moins inquiet à l'idée d'affronter l'inconnu. Enfin, il retrouve son père. Il voit la jolie maison, pas si jolie que ça, Marie, la propriétaire, plus ridée qu'il ne l'imaginait. Il voit l'école, l'épicerie. Mais Marie même si elle lui sourit et dit quelques mots en italien, n'a pas l'odeur de savonnette de sa grand-mère. Le ciel est bas, les enfants du quartier ne parlent pas sa langue. Marie, c'est une institutrice retraitée, elle l'embrasse trop fort, le réprimande parfois comme sa mère le fait et elle s'efforce de lui apprendre le français en lui lisant des livres de filles. Marie, elle ne connaît rien au football ni aux jeux de garçon !

Sa mère passe beaucoup de temps à confectionner des vêtements sur une machine à coudre prêtée par Marie. Sa mère semble contente. Elle gagne de l'argent et essaye de lire la bible en français pour tester ses progrès. Elle attend un bébé.

À l'école, il y a des enfants qui le traitent parfois de "macaroni" et il ne sait quoi répondre. Il n'est pas aussi fort que Gino qui a frappé un gamin qui l'avait appelé ainsi ni aussi mignon que Rosa qui trouve toujours une autre fille pour la consoler.

Parfois, Massimo a le cœur gros mais il n'en dit rien. Seule, sa petite boîte bleue lui apporte un peu de baume quand il a la nostalgie du pays. Il lui arrive alors de l'ouvrir et d'embrasser la terre comme s'il embrassait sa Nonna.

Pour Noël, Massimo envoie à sa grand-mère une enveloppe qui contient dans une feuille pliée en trois, un peu de terre de Belgique et des pâquerettes séchées. Sa grand-mère lui répond. Elle a simplement calligraphié : "Tu m'as écrit de là où la terre fait souffrir mais rend riches les hommes qui la travaillent. Moi, je t'écris d'ici où la terre pleure de n'avoir pu nourrir ses enfants. Un jour tu comprendras, mon trésor." Il n'a pas vraiment saisi tout le sens du message mais il a épinglé la lettre sur le mur de sa chambre.

Le temps passe. Nonna écrit de moins en moins souvent, son écriture est moins lisible. Le bébé est bien là, bientôt, il marche et commence à parler. Marie aide toujours Massimo à faire ses devoirs et à étudier ses leçons. Elle l'appelle "mon petit loup", lui offre des chocolats et des livres mais est exigeante. Une phrase revient si souvent : "Tu peux faire mieux mon petit loup." Au fil des mois, les choses s'arrangent, les bulletins deviennent meilleurs. Son père parle maintenant d'acheter une maison.

Pour leur premier retour en Italie, les valises sont bourrées de cadeaux, des pantoufles garnies de pompons bleus et un chapeau à aigrettes pour Nonna, des chocolats pour les cousins. La veille du départ, Massimo prend soin d’emporter avec lui un peu de terre du jardin. Son père le regarde faire et en sortant de sa poche la même petite boîte bleue que celle de Nonna, il dit seulement : "Toi aussi…" Il a des larmes dans les yeux.

Maintenant, il y a un peu de terre d'ici, là-bas et un peu de terre de là-bas, ici.

Les années passent. La petite boîte bleue semble à présent presque oubliée. Pourtant, quand sa Nonna meurt, Massimo cherche sa boîte et la tient longtemps dans les mains.

Pareille à un grigri, il la gardera sur lui le temps d'un examen, le temps que cicatrice son premier chagrin d'amour et même le jour de son mariage !

La petite boîte remplie de terre de là-bas, c'est le signe de son attachement à l’Italie, c'est le souvenir d'une enfance merveilleuse avec une grand-mère extraordinaire.

lundi 23 novembre 2009

La Belgique sera conte

Ce conte vient de recevoir le prix du public et le 5e prix du jury du concours "La Belgique sera conte"

"C’était un petit royaume, un pays de gaufres et de babeluttes, de chocolat et de boulets sauce lapin, de waterzooi et de bières, de genièvres et de kermesses. C’était un petit pays mais il est devenu si petit, qu’il a fini par ne plus exister. S’il est devenu si petit, c’est qu’il était de plus en plus triste, le petit royaume. Il avait rétréci à force de querelles, à force de larmes. On l’avait blessé, on avait tiré sur lui à hue et à dia. C’est ce que ma maman me racontait, mon poussin. On y parlait une drôle de langue, paraît-il. Enfin, le plus souvent on n’y utilisait pas une vraie langue, une de celle qui peut s’étudier à l’école. Non, on s’y exprimait volontiers en utilisant des mots venus de dialectes. Il fallait être né là-bas pour comprendre la signification de certains mots.

C’était un petit pays peuplé de gens chaleureux, qui avaient le cœur sur la main et le verbe haut. Et puis, il y avait des géants qui sortaient lors des défilés, les carillons qui sonnaient régulièrement et les fanfares. Ah, les fanfares… Il paraît que c’était si gai de marteler les pavés au rythme des musiques de fanfares ! Moi, hélas, je n’ai pas connu tout cela…Dans ce pays, on aimait aussi se rassembler pour des processions et des marches militaires, enfin on adorait les cortèges de tous les genres comportant des personnages plus ou moins historiques. Ce sont des choses révélées par Bobonne. Et Bobonne, elle en connaissait des histoires ! Un petit verre d’élixir, ça leur donnait du cœur à l’ouvrage aux gens du petit pays. Quand Bobonne est morte, on a retrouvé dans son cellier de ces bouteilles d’élixir. Je peux t’avouer que j’y ai goûté et que c’était bon. Maintenant, ils ont presque tous disparu. Plus assez de ventes sans doute. L’union faisait la force de ces gens. Plus d’union, moins de commerce. Là, je risque de t’embêter. Les considérations économiques, c’est pas pour les gamins. Maintenant, il faut dormir, mon poussin."

La grand-mère remonte la couverture sur le petit lit d’enfant. L’enfant ferme les yeux… Il voit des princesses portant des robes de soie, de taffetas, de satin. Il voit des princes vêtus de velours. Il voit des carrousels, des baraques à frites et à beignets. Il sent de chaudes odeurs de pâtisserie. Il entend jouer du tambour et des cuivres, il entend des chansons. Il voit des couples qui dansent, des enfants qui jouent à cache-cache et à colin-maillard. Il voit une grande table garnie de mets dorés qui paraissent délicieux mais qu’il ne connaît pas. Il voit des grands hommes et de grandes femmes qui se dandinent. Mais il ne comprend rien à ce qui se dit. Qu’importe, ce qui compte c’est l’ambiance, la joie de vivre.

L’enfant rêve. Le lendemain, il s’éveille : "Dis, Mamy, ce petit royaume, c’était un royaume des fêtes. J’ai vu les habitants. Ils défilaient en costumes rigolos, ils riaient, ils valsaient en disant des mots que je ne comprenais pas. J’ai entendu qu’on y commandait à des marchands ambulants : des lacments, des pains à la grecque, des croustillons, des caricoles. C’était bizarre."

"Mais, mon poussin, de quel pays parles-tu ?"

"Du petit royaume dont tu as parlé, Mamy. Un petit pays où on s’amusait, où l’on trinquait avec ses voisins. Le petit royaume où il faisait bon vivre."

"N’en parle plus, mon poussin. Ça fait pleurer ceux qui l’ont déjà entendu évoquer. Vois-tu, on a perdu les recettes, toutes les recettes et pas seulement celles de cuisine. Ne dis rien à tes parents. Ils se fâcheraient s’ils savaient que je t’en ai parlé et que je te l’ai décrit. Ce petit royaume, il faut l’oublier. Je t’ai raconté cela parce que j’étais à court d’histoires, hier soir. Oublie ce que j’ai dit."

Chaque nuit l’enfant rêve du petit pays comme d’autres enfants rêvent de trains électriques, de vélos rouges ou de poupées qui marchent. Chaque nuit, un rêve différent. Il visite un petit royaume dont les façades des maisons sont garnies, selon les saisons, de spéculoos gigantesques, de fraises de Wépion, d’asperges de Malines, de cerises, de poires. Des douceurs accrochées aux briques comme autant de bijoux. Les gosses s’en délectent sans arrière pensée.

Chaque jour, l’enfant dessine ce qu’il se souvient avoir rêvé du petit royaume. Ses crayons de couleur courent sur les grandes feuilles de papier blanc.

L’enfant dessine des maisons aux fenêtres garnies de rideau, des autoroutes illuminées, des cours d’eau paisibles et des gens qui circulent à bicyclette, des beffrois, des places pittoresques, des forêts et des canaux, des gens qui parlent beaucoup avec les mains, des géants qui avancent paresseusement et des jaquemarts qui martèlent les heures. Pour l’enfant, le petit royaume c’est celui des plaisirs, des musiques joyeuses.

Chaque soir, quand l’enfant s’est assoupi, la vieille femme cache les dessins qu’il a faits durant la journée. Il ne faut surtout pas que les parents du petit, à leur retour de voyage, voient ces dessins. S’ils voyaient, ils comprendraient. S’ils comprenaient, ils dénonceraient peut-être la grand-mère aux autorités !

Et puis, un jour, l’enfant dessine sur la terrasse et son dessin à peine achevé s’envole suite à un simple souffle de vent. L’enfant a eu beau courir à sa poursuite, tendre la main vers lui, il n’a rien pu faire pour le retenir. Très vite, le dessin a pris de l’altitude. Alors l’enfant en a refait un autre qui aussitôt terminé s’est envolé lui aussi. Puis il a fait un troisième, un quatrième… Ils ont tous pris la voie des airs.

Le premier dessin, un dessin sur lequel des enfants jouaient au ballon au bord d’une plage, a traversé le ciel comme un oiseau et est allé atterrir à l’orée d’un bois. Le second qui représentait une forêt de conifères où couraient des chiens et des gamins, s’est déposé sur le brise-lames d’une plage. Le troisième, celui d’une place rectangulaire aux bâtiments gothiques, est arrivé sur un terril. Le quatrième, celui d’un carnaval aux gilles colorés, est venu se poser dans un port, le long d’un grand fleuve.

Et des promeneurs les ont ramassés, ces dessins. Et des vieux ont vu les dessins et se sont souvenus du temps où le petit royaume existait. L’un ou l’autre a pensé que c’étaient des œuvres oubliées de Brueghel l’Ancien. L’un ou l’autre a pensé à un aïeul qui était venu d’une région éloignée du petit royaume pour se marier dans une autre région ou pour y fonder une entreprise. Cela expliquait les noms du sud qu’on retrouvait au nord et les noms du nord qu’on retrouvait au sud. Mais chut, il ne fallait rien en dire, sinon on risquait des problèmes. Ils en ont donc parlé entre eux dans l’intimité d’un salon, dans des maisons aux portes fermées et aux volets clos. Ici et là, partout sur le territoire de l’ancien petit royaume, des gens ont eu la même idée, celle de ranimer quelque chose du petit pays.

Certaines parmi ces personnes sont tombées malades. C’était la nostalgie et la langueur qui les tenaillaient. D’autres ont voulu faire quelque chose pour que les malades guérissent. Ils n’ont envisagé qu’un remède à ce mal-là : mettre tout en œuvre pour que le petit royaume ressuscite.

Alors, ils ont cherché dans des greniers des souvenirs du temps où le petit royaume existait encore. Dans le tréfonds des greniers, on en découvre des choses. Des recettes de coucous de Malines, d’escavêches de Chimay, de spantôles de Thuin, de choesels de Bruxelles, de potjesvlees de Furnes, de lierse vlaaikens, de couques, de tartes au riz-macaron de Liège. C’est autre chose que des hamburgers, des sandwichs garnis ou des steaks. Rien qu’à lire les recettes, on salive par avance.

On en voit aussi des vieilles images dans le fond du fond de certains greniers. Vieilles photos de vacances à la Côte, de balades dans les Fagnes. On retrouve des lettres du temps où l’on pouvait communiquer entre les régions sans crainte de représailles. Dans des malles, on a retrouvé de vieux habits mangés par les mites. Des habits de marcheurs, de chinels, de pénitents. Des déguisements utilisés lors de cortèges folkloriques. Rien que des pages, des photos jaunies, des habits troués mais quelles pages, quelles photos, quels habits !

Un souvenir en amenant un autre, on s’est souvenu d’une vieille baraque remisée dans un vieux hangar. On l’a retapée, on l’a ressortie. Elle portait des inscriptions bilingues qu’on s’est empressé de camoufler. Un vieux a dit que c’était une baraque du temps où les forains voyageaient dans tout le petit royaume. Ils allaient de kermesse en kermesse mais chut, ça c’est un secret comme un secret de famille dont la pensée vous effleure, un secret que beaucoup connaissent qu’il faut pourtant se garder de divulguer. Ça ne se dit pas non plus qu’autrefois dans le petit royaume, on voyageait librement, du nord au sud, qu’on utilisait partout la même monnaie, qu’on avait des héros en commun, qu’on buvait les mêmes bières, qu’on écoutait les mêmes carillons. Toutes ces choses qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Chut, chut. Motus et bouche cousue.

Des baraques cachées, il y en avait beaucoup dans l’ex petit royaume. L’envie de les ressortir était là. Et une envie, c’est comme une démangeaison, il faut s’en débarrasser… Alors, ici et là, au sud comme au nord, à l’ouest comme à l’est, on a organisé des fêtes foraines qui rendaient la mémoire aux plus anciens. On a vu des galopants qui diffusaient des musiques entraînantes, des sortes de caravanes garnies de miroirs où des inscriptions bilingues annonçaient des produits de bouche. La pluie et le vent s’étaient bien vite chargés de faire réapparaître les fameuses inscriptions.

On a sorti des géants poussiéreux. On les a baladés en différents lieux. Des défilés, il y en a eu de tous côtés, de plus en plus étoffés. On a ressorti les marionnettes. Parfois on ne comprenait pas grand chose au spectacle mais un coup d’épée est un coup d’épée, un bisou est un bisou et une chute fait toujours rire. On a entendu la musique de fanfares, celle des grelots et des apertintailles.

Le petit royaume n’était plus mais pareils à des bulles dans un verre de champagne, apparaissaient çà et là d’anciennes coutumes…

Un jeune et beau prince un peu triste, qui vivait au-delà de la mer, a entendu parler de tout cela. Cela lui rappelle quelque chose de l’histoire de sa famille. Il s’informe auprès d’historiens réputés et propose aussitôt ses services pour rétablir le petit royaume. Tout à l’euphorie de retrouvailles possibles, les habitants de l’ancien petit royaume l’acceptent comme souverain. Ainsi les désirs du peuple se révèlent-ils plus forts que les lois mises en place. Le jeune prince devenu roi, épouse une fort jolie princesse à peine sortie de l’adolescence. On festoie durant des jours et des jours. On embrasse des inconnus dont on ne saisit pas les propos, on danse avec eux. L’essentiel est de s’amuser, de faire bombance.

La vie d’avant, celle d’avant les querelles, reprend. Voyez-vous, mon petit doigt me dit que les gens de ce petit pays sont, malgré tout, restés friands de compromis, de fêtes et de bonne chère.

Mais, comme disait Kipling, ceci est une autre histoire…

mardi 17 novembre 2009

Le sixième !

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Il est sorti, ce sixième livre !

Vous pouvez au moins admirer sa couverture réalisée par Dominique et Dominique !

Que dire pour vous inciter à le lire ?

Qu'il y a des nouvelles écrites lors d'ateliers d'écriture, des nouvelles noires mais aussi des courtes histoires d'ange ou de démons. Toujours avec ce petit je ne sais quoi de réel que seul Louis et moi reconnaissons !

Du merveilleux, avec cette petite main en bois qui se révèle une infatigable travailleuse (une nouvelle primée en 2009 au grand Prix de l'Eau Noire).

De l'historique revu et corrigé, avec ce géant qui rythme toute une vie.

De l'humour, avec ce critique littéraire entarté.

Ou encore une rencontre en Suisse avec une statue d'Hermès et cet ours en peluche trouvé dans une maison abandonnée des Baléares...

mardi 13 octobre 2009

Automne

Hier, j'ai reçu un mail d'une dame habitant au Canada me demandant si elle pouvait utiliser un de mes poèmes pour accompagner une de ses magnifiques photos.

J'ai bien sûr accepté de bon cœur et lui ai demandé la même autorisation dans l'autre sens !

Merci à Maria do Carmo Vieira qui, bien que d'origine brésilienne, vit maintenant au Canada !

Voici donc la fameuse photo et deux poèmes que l'automne m'a inspirés...

AUTOMNE

Je me laisserai courtiser par le vent,
Les rafales de vent qui emportent la détresse,
Les souffles de vent qui apportent les parfums,
Les caresses, la tendresse.
Je me laisserai aborder par le froid
Et glisser dans son sillage comme une feuille morte.
Je laisserai s’accrocher le premier givre
Sur l’herbe, sur l’écorce.
Je me donnerai le temps de goûter à l’âpreté de la noix,
De tendre la main vers l’arbre dénudé,
De me séparer d’inutiles breloques.
Déjà la berge est empesée
Et prend l’éclat blanc de la pureté sacrée.



FEUILLES MORTES

Que tombent les feuilles
Et partent avec elles les vieilles habitudes.
Avec le temps,
Viendront de nouveaux feuillages,
S’élargira mon horizon.

Laisse monter le vent.
Qu’il emporte avec lui
Fleurs fanées,
Deuils, désillusions.


mercredi 23 septembre 2009

Une histoire écrite lors d'un atelier d'écriture...


RENCONTRE DE VACANCES


Sous le soleil, il m'est, semble-t-il, plus aisé de tomber en amitié.

C'est ainsi que lors du deuxième petit déjeuner à l'hôtel "Château Beau Séjour", j'ai fait connaissance avec Léa et que je me suis liée à elle.

Léa me parla de ses nombreux voyages, de son attrait pour la photographie et la vidéo. Le repos sur une plage, ce n'était pas son affaire, me dit-elle.

Je confiai à Léa mon amour pour les bêtes et je lui exprimai combien le fait d'avoir laissé à la maison Bella, mon animal de compagnie, me gâchait un peu ce séjour de rêve dans les Alpes.

Ce matin-là, je n'avais pas fait la grasse matinée espérant pouvoir me joindre au premier groupe de promenade et voilà que je m'étais embarquée dans une longue conversation avec Léa.

Rencontre aussi inattendue qu'agréable, rencontre entre deux femmes apparemment si différentes. Léa était une personne jeune, extrêmement féminine. Ses longs cheveux blonds, ses taches de rousseur, son élégance naturelle alliance de simplicité et de bon goût, sa facilité à s'exprimer, tout cela m'enchantait. Comment une femme mignonne, avenante, affable avait-elle pu profiter de son passage au buffet pour aborder une femme aussi insignifiante que moi ? Cela m'était un mystère.

Autour de nous, il y avait tant d'autres personnes seules. La veille je n'avais eu d'yeux que pour un bellâtre italien qui, hélas, semblait fort réservé !

Léa et moi devions former un duo assez cocasse. Moi, polo blanc, jeans, cheveux coupés à la brosse, grosses chaussures de montagne, la cinquantaine. Elle, la trentaine et cette grâce et ce bagout dont je ne vous dirai que cela…

Léa utilisait parfois des expressions bizarres mêlant anglais, français et allemand. Quelquefois, je refreinais un fou rire face à tant de fantaisie. Je n'osai pourtant pas lui demander quelles étaient ses origines.

Le temps a passé. Léa et moi avions pris l'habitude de nous promener ensemble et nous étions devenues plus ou moins inséparables. Toutes deux, nous adorions les fleurettes, les points de vue sur la vallée. Toutes deux, nous apprécions les délicieux petits plats cuisinés à l'hôtel, le vin blanc et les fromages savoyards.

Un après-midi, nous nous sommes retrouvées à la piscine. Nous occupions des cabines voisines. Alors que j'étais déjà en maillot, je l'ai attendue devant sa cabine. Un bref coup de vent a ouvert la porte probablement mal verrouillée. Elle était déshabillée. Ce que je vis, rien que de l'évoquer provoque en moi tremblements et tachycardie. Ma gorge se serre encore en y pensant… Ce que je vis ? Des stries vertes sur son ventre et deux nombrils verts sous ses seins ! Un vert bizarre, un peu plus vif que celui des pommes "granny smith".

Léa referma vite la porte en disant "sorry". Quant à moi, je me rhabillai en quatrième vitesse et rejoignit l'hôtel au pas de course. Mon imagination vagabondait… J'avais l'intuition d'avoir échappé à un grand péril. Dieu sait comment Léa aurait pu m'utiliser un prochain jour si je n'avais pas découvert ce que je venais de découvrir ? Je demandai ma note prétextant une urgence familiale.

Plus tard, au volant de ma petite auto, je me souvins de tous ces mots que je ne comprenais pas, de tout ce vocabulaire exotique que je jugeais le matin encore amusant et moderne. Léa était décidément très différente de moi !

lundi 24 août 2009

Lazzi...

Durant six jours, du 17 au 22 août, j'ai participé aux Rencontres Pédagogiques d'été. J'y ai suivi l'atelier "clown et masque neutre" animé par Jacques Bury et Christian Wéry.

Je ne résiste pas au plaisir de vous offrir ce lazzi dont j'ai écrit le premier jet et qui a ensuite été peaufiné avec Bénédicte, ma délicieuse partenaire, sous la houlette de Christian Wéry.

Voici donc :

A : "Tu m'en veux ?"
B : "Non, je ne t'en veux pas."

A : "T'es sûre ?"
B : "Ben oui…"

A : "Même pas un peu ?"
B : "Si tu veux, un petit peu…"

A : "Tu vois, tu m'en veux…"
B : "Non, je ne t'en veux pas."

A : "T'es sûre ?"
B : "Ben oui…"

A : "Même pas un tout petit peu ?"
B : "Si tu veux, un tout petit peu…"

A : "Tu vois, tu m'en veux…"

Cela continue et la boucle est loin d'être bouclée...

Je vous laisse imaginer le cercle vicieux engagé, la tension qui monte de part et d'autre car cela dure un certain temps avant que de finir dans les pleurs et l'énervement.

dimanche 23 août 2009

Avouez que cela me sied !!!

mardi 7 juillet 2009

Coup de cœur

Le jury du concours de poésie de l'ASPH a eu un coup de cœur pour ces trois poèmes. J'ai donc le plaisir de les offrir à vous qui me lisez !


LE SECRET DES HEURES BLEUES


Tic tac, l’horloge pleure l’éphémère
Tandis que défilent les secondes.
Musique d’une aiguille qui mange le temps,
Confidence d’une solitude qui court après l’éternité,
Sans savoir que sa cause est perdue à jamais.

Tic-tac, tendresse et candeur.
Tic-tac, nudité d’une âme qui trottine.
Tic-tac, chaque instant se meurt à la fleur de sa vie.

Le cœur se noue et la mémoire se dénoue.
Comment penser le passé ?
Comment avoir encore vingt ans ?
Comment accompagner le temps qui vient ?
L’aiguille pareille à la canne d’un aveugle
Martèle un espace qu’elle ne voit pas.
Sur le cadran de l’horloge,
Demeurent les heures en miettes.



SOUFFLES DE VENT

Dans ma prison de vent,
Les parfums vont et viennent.
Les arbres tendent les bras
Pour cueillir la lumière.

Dans ma prison de vent,
Le temps danse et chante.
Instants volés pour se jouer
De la solitude.

Un peu de présences
Dans ce piège à silences.
Voix brisées, déformées
Qui éveillent la mémoire.

Dans ma prison de vent,
Le passé égratigné.



TOUR D’HORLOGE

Velours de matinée,
Après tant d’heures passées à l’attendre,
Un rayon de soleil à portée de main,
La cicatrice de l’or sur le miroir.

Soie du demi-jour,
Après un matin désinvolte et paresseux,
Un caillou aux formes douces.
Des éclaboussures de lumière sur l’eau.

Dentelle de nuages gris
Après une pause tranquille dans le ciel blanchâtre,
Couleurs suspendues à la pensée,
Prémices de crépuscule.

Satin du soir incarné,
Après un dernier élan, l’arbre devenu fantôme,
Point final du chemin,
La lune dans le ciel.

mardi 24 mars 2009

On n'est jamais si bien servie...


Il y a toujours des choses que l’on voudrait savoir à propos d’un auteur de livres. A fortiori quand il s’agit d’une amie !

Les journalistes spécialisés ont toujours tendance à poser les mêmes questions. C’est pourquoi Louis, mon mari, a eu l’idée de demander à de nombreuses personnes de notre entourage quelle question elles voudraient me poser.

À ma grande surprise, plus de trente personnes ont répondu à son appel. Bien sûr, certaines questions ont été posées plusieurs fois et certains de nos correspondants n’ont pas hésité à multiplier les questions…

Voici celles qui ont retenu notre attention et auxquelles je réponds le plus honnêtement possible.

Micheline (une condisciple d’humanité) :
Qu'est-ce qui ou qui est-ce qui t'a fait découvrir un jour que tu avais un don certain pour l'écriture ? Quel âge avais-tu ?
Micheline :
En cinquième puis en sixième primaire, l’institutrice demandait assez régulièrement d’écrire des rédactions. J’avais plus ou moins onze ans. Il s’agissait de sujets tels que ‘la cuisine de maman’, ‘entre chien et chat’, ‘une panne de voiture’. Ces sujets étaient développés, en classe, sur une ardoise, dans un silence quasi religieux alors que nous étions plus de trente élèves. La lecture de ces rédactions suscitait des éloges aussi bien à l’école qu’à la maison car je mettais beaucoup de vie dans ces petits tableaux. Ces textes étaient des sortes de mini nouvelles dont je n’ai gardé aucune trace, hélas, mais les encouragements reçus m’ont incitée à écrire pour le plaisir. Mes lecteurs étaient surtout des camarades de classe et mes parents. En 1963, j’avais dix-sept ans, j’ai participé à l’anthologie ‘Poésie -20’, réalisée par Pierre Coran. À cette époque, j’ai adressé aussi des poèmes au journal Le Soir qui, chaque semaine, consacrait une rubrique aux jeunes poètes. Un poème a été retenu. Être lu par les lecteurs d’un grand quotidien, c’était le rêve et ce rêve s’était réalisé...


Isabelle (une amie conteuse) :
Comment fais-tu pour écrire autant ?
M :
Un mot, une image, un bruit, un parfum que je fais résonner en moi et c’est parti sauf quand j’ai un souci domestique ou autre. Dans ce dernier cas, la page reste blanche ou presque. Le plus souvent, j’arrive à laisser courir mon imagination sans exercer de censure dans un premier temps. Il en résulte beaucoup de premiers jets que j’ai tendance à laisser en l’état… Le plus difficile, c’est de me relire encore et encore. En ce qui me concerne, corriger, c’est la partie la moins agréable de l’écriture.


Jo (une amie animatrice d’atelier d’écriture) :
Ma question concernerait la prise de notes. Où ? Quand ? Dans quelles circonstances ? Dans un petit carnet ? Sur des bouts de papier ?
M :
Les gens qui me connaissent savent que j’ai toujours à portée de main un papier et un crayon. Quand l’idée survient, je la note. Un simple ticket de caisse suffit parfois à écrire ce qui m’a traversé l’esprit. On ne sait jamais, toute idée est bonne à prendre, au supermarché, au restaurant, en rue… Dès que j’ai l’occasion, je tape quelques phrases sur le clavier de mon ordinateur pour ne pas perdre ce qui se cache derrière les quelques mots griffonnés sur le papier. Inutile de dire qu’il m’arrive de jeter par mégarde ou de perdre l’un de ces précieux papiers…


Geneviève (une ancienne collègue psychologue en PMS) :
Quel a été le rôle de ta vie professionnelle dans le développement de tes productions littéraires : un incitant, un frein... ou... rien du tout ?
M :
Parfois, une réflexion, une confidence d’enfant ou de parent me conduit à écrire un poème, une nouvelle ou un conte. Bien entendu, je déforme ce qu’on m’avait dit, je le situe, dans un autre contexte, je modifie la réflexion. Un exemple : un enfant de cinq ans m’a parlé de son intérêt pour l’origine des carnavals et peu après, j’ai écrit ‘Réveil printanier’. Un autre exemple : un adolescent m’a parlé de sa tristesse suite à la mort de son chien et cela m’a amenée à écrire un conte qui met en scène un vieil homme veuf et son chien.


Jean-Marie (mon beau-frère) :
Quand tu commences à écrire un conte ou une nouvelle sais-tu à l’avance comment cela finira ou bien te laisses-tu guider par ton imagination ?
M :
Le plus souvent, je me laisse conduire par mes personnages. Je ne sais donc pas d’avance comment cela finira. Cela dépendra des rencontres que feront mes personnages et ces rencontres me sont plutôt inspirées par ce que la vie m’offre (une belle photo dans un magazine, un mot entendu qui fait des ricochets, le souvenir d’une chanson ancienne…) Parfois encore, la réflexion d’un lecteur qui a lu certaines de mes histoires, me pousse à aller dans une direction plutôt que dans une autre (par exemple : si un lecteur me dit qu’il apprécie quand je suggère une fin indécise ou qu’il a aimé telle nouvelle où la fin est plutôt noire !)


Évelyne (une amie de l’impro) :
Comment naissent tes histoires ?
M :
Mes histoires naissent du quotidien. Un exemple : un éclat dans le bois d’une porte suite à un cambriolage à la maison m’a conduite à écrire la rencontre entre une dame et un réparateur, ce réparateur ayant ce don de s’incruster qu’avait manifesté, chez une amie, un plombier que je connais. Le coup de foudre ressenti à la vue des jardins de Villandry m’a entraînée à me documenter à leur sujet et à développer une histoire qui se passe là-bas. Il suffit de petits riens pour que mon imagination s’emballe…


Bob (un ami écrivain et libraire) :
Peut-on être une petite fille curieuse de tout et un peu polissonne dans sa tête et une dame respectable, raisonnable et bardée de diplômes dans la vie ?
M :
Comme en tout individu, il y a de nombreuses facettes en moi. J’ai en moi une part enfantine à l’enthousiasme facile, un peu facétieuse, un tantinet joueuse et cette part se manifeste dans ce que j’écris.


Thérèse (une amie des ateliers d’écriture) :
Comment fais-tu pour avoir autant d'imagination tout en traitant des préoccupations quotidiennes ?
M :
J’envisage plusieurs issues possibles aux problèmes rencontrés au jour le jour. L’issue sera, en effet, différente selon l’humeur de départ du personnage dont je parle, selon les événements qu’il a pu vivre, selon les embûches qu’il va rencontrer, selon l’endroit où il va devoir faire face… Cela m’amuse d’imaginer, par exemple, ce qui va arriver si un invité laisse une brûlure de cigarette sur une belle nappe en lin.


Gérard (un ancien collègue psychologue en PMS) :
Que représente pour toi l'écriture ?
M :
L’écriture est mon loisir favori. C’est une activité qui m’est nécessaire. Elle permet à la fois de m’évader, de faire rêver, de surprendre, de remettre en question.


Olivier (un ancien de l’impro – metteur en scène) :
Tes qualités aujourd’hui connues et reconnues t’ont ouvert bien des portes. Chacun sait qu’il est difficile, d’abord d’oser imaginer présenter son œuvre à un éditeur, ensuite, de faire les démarches vers cet éditeur, d’y être reçue afin de défendre son bébé et enfin d’être éditée. Avec ta sensibilité, qu’est-ce qui a été le plus difficile ? Comment as-tu osé faire publier ton 1er livre ?
M :
L’écriture est un moyen de faire passer des ‘messages’ comme ceux-ci :
- Plusieurs chemins peuvent conduire là où l’on désire aller,
- Chacun perçoit son environnement d’une manière différente de celle de son voisin,
- Il est, la plupart du temps, possible de rendre sa vie plus agréable et de faire un meilleur usage de ses talents.
Faute de grands discours, je tente de faire passer mes idées par l’écriture. Je vis ainsi une sorte de tête-à-tête avec le lecteur.
Comme la plupart des auteurs, je crois, j’aime être lue. J’ai recours à tous les supports possibles pour arriver à ce but : blog, sites, journaux publicitaires, livres.


Louis :
Peux-tu nous parler de ton prochain livre ?
M :
Celui qui doit sortir cette année est un recueil de nouvelles intitulé « Nouvelles à fleur de peau ». Ces histoires mettent en situation des personnes très sensibles qu’un petit rien amène parfois à déraper mais aussi des personnes qui font face à leurs peurs, à la solitude, à la maladie, à la retraite, à des rencontres inattendues.

jeudi 26 février 2009

Un cadeau...

EN MOI…

Je porte en moi,
Un paysage de fleurs,
C’est là que je voyage
Pareille à une enfant.

Je porte en moi,
Une ville aux venelles ombragées,
C’est là que je m’abrite
Des coups de vent et des intempéries.

Je porte en moi,
Un cahier d’écolier usé et joyeux,
C’est là que j’écris
Pour tourner le dos à l’oubli.

Je porte en moi,
Un rideau d’illusions,
C’est derrière lui que je vis
En marge de la mélancolie et du froid.

mercredi 18 février 2009



Un bel article rédigé par Pierre Dejardin est paru aujourd'hui dans "Vers l'avenir", édition "Entre Sambre et Meuse".

Cet article concerne mon dernier livre "Nouvelles entre chien et loup" et retrace aussi ma "carrière".

Pierre Dejardin m'avait rencontrée il y a un peu moins d'une semaine. Il venait alors de terminer la lecture du recueil. Il avait dégagé ce qui lui paraissait le plus caractéristique de mon inspiration, de mon écriture et des thèmes abordés.

L'article peut être lu sur le site du journal. Voici le lien :

http://www.actu24.be/article/regions/provincehainaut/infoshai/nouvelles_entre_chien_et_loup/254795.aspx

Je suis ravie d'avoir grâce à cet article ainsi l'occasion de me faire connaître davantage. Un petit peu de pub ne fait jamais de tort n'est-ce pas ?

vendredi 13 février 2009

Un petit poème


L’ENFANCE DE L’ART

Lire dans les arbres morts,
Dans les lignes du ciel,
Dans les nuages fugueurs.
L’enfance de l’art !
Jouer l’avenir,
À la roulette, à la boule, aux dés.
Mêler les cartes.
L’enfance de l’art !
Les mots sont des vagues
Qui charrient des images
Et les ombres sont des personnes
Qui habitent ma mémoire.
Lire dans une tache,
Dans une flaque d’eau,
Dans la poussière.
Jouer l’avenir
Aux billes, au black jack, au poker.
Battre les cartes.
L’enfance de l’art !
Les mots passent
Dans la fumée des cigarettes
Et s’écrivent dans le marc de café.
Les idées font des ricochets
À la surface des paroles
Et les silences
Prennent couleurs des souvenirs.
Distribuer les cartes.
L’enfance de l’art.
Au fond de l’ennui
Dorment des histoires
Et derrière la muraille
Se fait le deuil de l’idée perdue.
Lire dans les branches cassées,
Dans les cendres,
Dans les nuages au galop.
L’enfance de l’art.